22.12.08

Non Sequitur

Un jour de poudrerie. Le vent emporte le paysage, resculpte le sol à sa fantaisie. Nous ne savons si le temps est beau, maussade, tempétueux, serein. Ce sont des particules de glaces, ignorantes de leur destin, qui se précipitent toutefois, folles, effrénées.
Dans le monde nominal, il est dit que rien n’est certain. Pourquoi être convaincu par la plus simple explication, alors?
Dans le monde humain, il est dit que tout est normal, dès que nommé. Pourquoi la croyance est-elle si solide, alors?
Nos vérités sont incertaines, changeantes, comme ce souffle qui donne son coup de poing dans la limaille blanche. Donc. Fourmis que nous sommes.
(Trop jeune pour citer les cantiques…)
Je mets des matelas entre moi et l’autre. Les corps me pressent, les bruits me pénètrent, rien n’atteint mon paysage de limaille, ma perspective de fourmi qui contemple les conséquences de ce si vieux coup de poing.
Plusieurs façon de singulariser : par un génitif, à l’aide de la préposition inter plus l'accusatif, à l’aide de la préposition e ou ex plus l’ablatif.
Rosa gentis solissima est.
Rosa inter gentes solissima est.
Rosa e gentibus solissima est.

C’est être un semblant de Cassandre, mais de l’altérité. Cassandre dans un roman de Kafka. En moins panaché… Quelque chose comme ça.
Être invitée par son agresseur comme porte-parole à son événement bénéfice pour les enfants abusés.
Beaucoup de ouates entre les idées. La méfiance comme aiguillon. Des ressentiments qui s’enflamment comme mon coeur d’amadou, si doux, vive la Canadienne et son petit cœur d’amadou, si doux.
Tout ce qui se comble dans les trous. Des ellipses parfaites comme Faulkner. Le Bruit et la Fureur.

2.12.08

Où l’on en fait beaucoup trop pour un mauvais jeu de mot.

Une jambe perd son pied. Elle est la conjointe du pied opposé; ça avait créé toute une cabale à l’époque d’ailleurs, la proximité et la délicatesse éthique de l’affaire, tout ça… Mais bon la jambe est triste, plus encore le pied, qui a perdu, pour ainsi dire, son frère. La jambe, dans un élan de générosité, malgré les vieilles rancœurs contre le membre disparu, décide de tout faire pour compenser la perte du pied esseulé. Il se démène, mobilise tous ses avoirs, fait tant et si bien qu’il trouve finalement une prothèse. Une prothèse extraordinaire, à la fine pointe de la science orthopédique : Proconsil ™ en siliconne extra fin, muni de la technologie Pro-tard ®, brille dans le noir, anti-statique, système d’auto-nettoyage antiseptique AutoFlush ©…
Un soir après des mois de patientes économies, la prothèse cachée sous le lit où il venait de prendre tendrement Pied, Jambe lui annonce ce don, le summum de son amour.
Réuni dans cette prothèse, sont toute sa patience, tout son pardon pour les affronts passés de la famille, toute son empathie pour sa perte.
Pied est étrangement silencieux.
Trop d’émotion?
Il sort cette ultime béquille, se l’installe.
Toujours aucune réaction de Pied…
Et s’il venait de commettre un horrible sacrilège? Et si cette prothèse était le comble de la cruauté? Si elle proclamait haut et fort « Voilà ce que je fais de ton deuil, voilà ce que je fais de ton frère, de notre passé» ?.. Et s'il n'était qu'un sans cœur, un égoïste de la pire espèce, d'une insensibilité inouïe, insensible au point de confronter sa douce moitié à un rappel immonde de son frère décédé? Monstre de lui, qui prétend à la commisération de celle qu'il aime, ne s'en sert que de façon barbare pour améliorer son petit confort!
Même en supposant sa bonne foi dans sa tentative de consolation, la plus belle des prothèses remplacera-t-elle jamais le frère perdu, imparfait certes mais aimé depuis toujours?
Toutes ses idées se bousculent dans sa tête embrouillée.
Il ne parvient qu'à balbutier:
-Est-ce trop, pied?...

26.11.08

P-L ; (Novembre 5)

Je t'aime et tu m'empêches de sombrer.

Novembre 4

(Je ne suis pas une poète...)

Mort d’une saison.
Ci gît-elle, ensevelie
Sous la brume faite linceul.

Un bourdon n’a, lui,
Pour suaire seul,
Que les gravats
De la sente;

Ma marche lente
Martèle son glas.

Novembre 3

Dimanche dernier, j’ai traversé les deux cimetières de la montagne avec mon amour. Nous sommes entrés par la porte Decelles, avons grimpé ce premier versant, et somme sortis par le cimetière juif. À l’apex de notre ascension, nous nous sommes assis quelques temps sur un banc de pierre. Avant de se siéger ainsi, j’ai remarqué que le banc était en fait une tombe conjugale, dont seulement la première mie y reposait, si on se fiait à l’épitaphe.
Cette même épitaphe révélait que les époux étaient (sont encore, à moitié) homosexuels. C’était la première tombe gaie que je voyais de ma vie.
J’ai aussi remarqué que le dossier de cette stèle-stalle s’était fendu; il était raccommodé avec une colle qui avait jauni. Le badigeon était ainsi très visible, striant le marbre sans élégance. Ce trait de résine m’a paru infiniment triste.
La pierre était trop froide pour nos fondements, nous avons repris notre marche après peu de temps.

Novembre 2

Depuis qu’il enseigne, on ne le voit plus qu’avec des vestons. Avant, il se contentait de la formule chemise-cravate. L’acquisition du veston a dû venir avec l’atteinte de ce nouveau palier.
Il me semble toujours merveilleux de voir de quoi est faite la satisfaction dans la vie des autres. Après tout, pourquoi pas?

Le mépris dans les regards qu’il me réserve, œillades qui semblent toujours me trouver par hasard, ne m’empêche pas de savoir de quoi il est fait.

Novembre 1

Depuis toujours, je lis de la fiction.
Enfant, quand l’ennui m’étouffait trop, j’allais dans la bibliothèque domiciliaire, sortait un roman, et je lisais; c’était ma solution; je n’ai jamais eu beaucoup d’initiatives. La vie fictive d’êtres autres et irréels oblitérait la mienne. J'y oubliais ma nullité. C’était donc, à court terme, un excellent remède.
Encore aujourd’hui, quand la haine et le mépris que j’ai de moi m’affole trop, j’ouvre une fiction, de préférence sans lien avec mes études. Le soulagement perdure après des milliers et des milliers de pages; je m’annihile dans l’ivrai.

La vie des occidentaux est faite de choix, et de persévérance dans ces choix.
Puisque mon choix le plus persévérant fut la lecture et que, comme on l’a vu, c’était à peine un choix; puisque cette lecture n'avait aucune incidence directe sur ma vie sauf pour l'assimilationd e ces termes superfétatoires ornant ma parole, ornement faisant croire à une intelligence chez moi (artifice pernicieux!); puisque cette activité, ayant très peu de points de contact avec la trame de ma vie, me faisait orbiter à la plus grande distance d’elle possible : on peut dire que l'essence de mon existence est à son minimum. Minimumissima.
Je rédige ces mots, je me rends compte que je suis dans l’erreur.
Il y a en effet des minima bien plus impressionnants, des abstractions d’existences vraiment complètes. Des gens sans amis, sans parents, sans mots, avec des logements vides, des têtes proches de kelvin 0. Des moines bouddhistes à l’abstinence sublime. Des schizophréniques catatoniques. Des autistes.
De tout ceux-là, il n’y a que les moines qui sont ainsi de par leur volonté; les autres son excusables par des tares hors de leur contrôle.
Je n’ai, quant à moi, aucune excuse.
Mon minimum d’existence est remarquable par cette médiocrité des mi-parties qu’il affectionne; il s’abandonne de velléité en velléité, sans jamais sombrer dans la grande dèche noire; les géniteurs secourent alors leurs mol avorton.

Ça n’a pas le charme débraillé des rutilantes épaves héroïques des Réjean Ducharme, des VLB, des autres conteurs des êtres d'exception de la déchéance, revoyez vos jugements sur la réussite, grandeur dans la boue, etc.

30.10.08

De l'art de la conversation

Je consulte de temps en temps un webmazine qui se veut principalement dédié aux hommes, tout particulièrement les urbanites cossus d’âge moyen. En ce webmazine écrivent certaines chroniqueuses, dont la quête ultime est de révéler les mystères angoissants de la nature féminine à ces confus Sigisbées. En effet, la Femme, entité ubique subdivisée en de multiples sous-organismes, (qui auraient tort de se considérer comme des individus à part entière) pose cette énigme essentielle, ontologique même : Que veut-elle?

Je me ravise; peu nous importe ce que femme veut. La seule question admissible est la suivante : Que veulent les Femmes de la part des hommes?

Allons! Cette question suppose encore non seulement trop de spécificité selon chaque sous-organismes, mais encore l’idée, farfelue certes, de volontés immanentes qu’auraient les femmes. Voyons! Après le féminisme, fléau innommable dont les ravages le sont autant*, il ferait beau jeu de supposer pareilles sottises. Les femmes, et c’est connu, obéissent à ces mécanismes secrets que nos vaillantes chroniqueuses tentent d’exposer aux yeux ravis des galants malchanceux. Ces mécanismes sont dictés en toutes choses par les impératifs du Féminin, l’Éternel du nom.

Voici donc la vraie question : Comment obtenir les femmes en contentant l’Éternel Féminin?

C’est ce dont la plus brave de nos Écuyère, bravant les foudres divines en dérobant ce fruit de la connaissance gnostique, disserte en ces pages.

Moi, être dénaturé et indigne d’appartenir au Sexe, ne saurait vous dire si cette éminente Dispensatrice de Vérité est entrain d’atteindre à la Source du Féminin.

Mais justement, en tant qu’être dénaturé, je ne conçois pas que de pareilles stratégies puissent fonctionner.

En me départant quelque peu des humeurs fielleuses que me donnent les Divagations sur la Femme, j’ai réalisé qu’en fait, ce type de chronique est symptomatique d’une grande carence de la société moderne, quelque chose dont la perte est à déplorer et dont nous sommes en droit d’être nostalgique;

La Déchéance de l’Art de la Conversation.

(Terrible! C’est terrible.)**

Je paraphrase ici le webmazine susmentionné : « Votre entrée en matière devrait toujours, toujours être à propos d’elle parce que, convenons-en, les femmes aiment discourir à propos d’elles-même »

Clairement. L’Éternel Féminin exige des idolâtries; ne craignez rien, mes preux! Puisque toutes les femmes se font dicter leurs conversations par leur Surentité Supérieure, les réponses données seront toujours insensiblement les mêmes. Vous voyez! Tout simple. Quelques trucs passe-partout et hop! On est en affaire. Nul doute qu’ainsi vous trouverez cette compagne auprès de laquelle votre cœur soupire, cette intime confidente modelée comme pour vous convenir, cette âme vous épousant, vous complétant, vous transfigurant! Ah! Tout ça grâce à un coup d’œil savamment dosé et quelques sésames tout-aller! J’ai peine à y croire.

Ok, je pense que j’ai épuisé ma réserve de fiel.

Sérieusement, là.

Le jeu subtil et délectable de la séduction est, dans un climat social où il nous en coûte trop d'individualiser notre comportement, réduit à une série d’instructions comme pour une recette de dîner Kraft; c’est fade, c’est bête, c’est tout préparé d’avance et ça goûte les agents de conservations.

Je veux bien admettre qu’établir un premier contact soit difficile : mais un peu de naturel, d’originalité et d’habileté à cibler devrait faire le compte.

Anyway, ce genre de recherche du couple à tout prix, ce n’est que l'angoisse qui se met en scène. On conspue la solitude, qui seule permet de savoir qui est-on, ce que l'on veut, où va-t-on. Avec un calme répit sans socialisation, tous le bruit de l'Autre cesse, la bourbe redescend, les eaux redeviennent claires, et on peut lire en soi-même bien plus aisément. Cette sérénité est un véritable appât; les intentions sous-jacentes disparues, les gens seront bien plus enclins à engager une conversation signifiante avec vous. Et peut-être qu'un heureux dénouement en sera le salaire. ***

*Probablement parce que dans les faits, ces ravages sont aussi imaginaires que ce fameux Éternel Féminin.

** Vraiment terrible.

27.10.08

Code Secret

[…] Dans l’extrait étudié, nous sommes mis en face d’un moment particulièrement pénible pour le spectateur, à savoir l’auto-humiliation (pourtant involontaire) du principal protagoniste. En effet, celle-ci, confrontée à la perception peu flatteuse qu’a d’elle le maître, s’effondre en larmes, larmes suscitées par des remarques qui sont en elles-même plutôt anodines. Nous démontrerons que cette brutale chute de tension sociale dont l’héroïne subit le contrecoup est en plus grande partie la résultante de ce face-à-face avec son propre reflet.En effet, ce reflet est en si grande dichotomie avec ses intentions et l’essence de son être que l’héroïne, complètement déstabilisée, devient une enfant fragile, friable même, pour qui toute critique est une atteinte mortelle à l’âme. C'est que, comme nous l'apprendrons au chapitre suivant, l'écart entre le soit et l'autre, l'ego et l'image est irréconciliable et l'impuissance dans laquelle se sent l'héroïne d'offrir à l'Autre une image au moins adéquate lui donne l'impression de n'exister qu'incomplètement.
Dans l'extrait, l’auteur utilise une focalisation complètement interne, la vitesse du récit se ralentit à l’extrême sans toutefois devenir pause, et la panique du protagoniste nous englobe. Une succession de souvenirs à demi-étouffés point dans l’esprit de l’héroïne, souvenirs présentés non pas sous la forme d’une déchronologie typique, mais plutôt comme des sortes de cris sourds. Bien que faisant appel au passé, ces cris ne sont donc pas des analepses au sens propre du terme. Ils prennent forme de réminiscences vagues, presque informes (« elle y touche… je me brise… ils riaient de moi… Moi et les autres… Mes insuffisances », l.39 à 46) et l’héroïne, en proie à sa tristesse incontrôlable, ne sait pas elle-même en quoi consiste cette tristesse.

Nous pouvons séparer l’extrait en trois mouvements.
Dans le premier mouvement, une phrase que l’héroïne semble considérer comme banale (« qu’est-ce qu’il a, mon ton? » l.15) pique le professeur qui, se sentant interpellé, contrefait railleusement notre protagoniste. Ce malentendu bénin annonce un premier écart entre intention et réception.
Dans le deuxième mouvement, l’héroïne, (que nous avions connue fière au début du roman) s’aplatit littéralement devant le maître, avoue sa panique. La relation maître-disciple se change alors en relation juge-accusé, au moment où le maître dit cette phrase désarmante, mais lourde d'implication si l'on considère l'emploi des pronoms : « Je vous dit ceci entre vous et moi » (l. 29). Débute alors le sous-mouvement de la marée d’émotion qui finira par submerger l’héroïne au mouvement final. […]

15.10.08

Flotter dans le vide (pis en estie)

Pourquoi il ne faut pas parler de ce qu'on connaît imparfaitement:

Marc Garneau me suit. Ce qui est incroyable, c'est qu'il s'est jadis planté dans mon originel patelin de ploucs et qu'il soit ensuite élu avec un excellent pointage dans ma patrie d'exil.
L'ancien astronaute reconvertit en politicien a donc eu le mauvais goût supplémentaire de me faire subir sa personne par deux fois.
Qu'entends-je par subir?

Eh bien, premièrement, il est difficile de ne pas grincer de la molaire en lisant ce qui semble une dissert' en 3 arguments rédigée par un cancre de John Abott et constitue, en fait, la vision de mon Candidat Vedette. Pour en reprendre une des locutions aussi rafinées que pure dans son français, ça fait effectivement beaucoup de sens, (voyez comme la signification me transcende!) et il serait dur de débiter des généralités plus banales et moins développées.

Ensuite, je trouve fort indisposant d'entendre de quelqu'un qui a l'anglais plus volontier en bouche que sa langue natale (toutes allusions entendues) , et l'on sentira la profonde portée de ces paroles pleines de réflexions historiques longuement fouillées, que le Québec est quelque chose à chérir et à promouvoir. Fuck la nuit des longs couteaux, le rapport Durham, les standards d'immigration diahrréique de 96: Garneau nous aime, tsé!

Enfin, comme troisième point, et là vraiment cest le pied total, je m'en contorsionne en un petit amas, je m'en implose vers un autre univers, Garneau veut un Canada progressif et fiscalement responsable...
...
Se souvient-il qu'il est un libéral? Messemble qu'à sa place, j'aurais comme, essayé un peu de faire oublier ce petit détail cute-là.
Fiscalement responsable!
Elle est bonne!
C'est vrai que saigner les étudiants comme de duveteux poulets, enregistrer ses pavillons aux bucoliques îles mouk-mouk, surenchérir de mignonnes et dodues commandites, c'est fiscalement responsable en saint cantique! Progressiste, aussi, y'a pas à dire! Ah, et le désiquilibre fiscal c'est comme la fée des dents je suppose?
Le monde de Villeray pogné avec le fils de PET ont bien de quoi se plaindre, mais à libéraux égaux, c'est pas évident de clancher Garneau.

En conclusion, Je me rends compte de mon peu de connaissances politiques; cependant, à ce point-là d'absurditée, pas besoin d'être calée pour être découragée.
Tant qu'à être députisée par des clounes, je pourrais aussi bien m'exiler à Port-Neuf.

9.10.08

Mon bureau

Tel le tardigrade en stase sèche, des fois ça me prend du temps à réagir aux stimulis. J'ai eu la tag il y a une dizaine de jour. J'ai dû l'incuber tout ce temps, comme une grippe que l'on couve tendrement... Je me soumet à vos graves impératifs et vous livre des photos de mon bureau (dont j'ai depuis fait le ménage):

1. Livres.
1.1 Livre à l'étude.
2. Chat Brun. Essentiel à toute vie intellectuelle céans.
3. Snack.
3.1 Deuxième snack.. non nécessaire, mais qui peut résister à une crème caramel? Offerte?
4. Musique. Pour bloquer les coups que donnent au plafond les tonitruantes activités des nouveaux voisins. Subwoofer? Saut à la corde? Percussions amateur? Qui sait.
5. Sac de crabes.
6. Imprimante. Morte après trois impressions. Merci maman, merci papa...
7.
Compiouteur et mise en abîme de la deuxième section:


7.1 Bureau, continué.
7.1.1 Cartable de plans de cours.
7.1.1.1 Plan de cours
7.2 Tasse.
7.3.1 Pile de livres.
7.3.2 Deuxième pile de livres.
7.3.3 Troisième pile de livres.
7.4.1 Pile de papiers.
7.4.2 Deuxième pile de papiers.
8. Autodérision.

Je donne la tag à Elle, parce que c'est bien d'inclure des gens hors du régiment habituel pis à elle comme ça on va encore voir elle.

29.9.08

Firefox s'encanaille

Voici ce qu'il m'a dit l'autre jour:



"Un rapporteur de plantage"? Si ça continue comme ça, quel autre genre de liberté de lexique se permettra-t-il? Il va tu se mettre à m'appeler "manne"? Va-t-il s'exclamer, en ses fenêtres d'avertissements, lors de ses défaillances occasionnelles: "AH FUCK!! ME SU FOURRÉ!"

Je suis toute pour l'évolution de la langue mais en gardant une certaine forme, tout de même.
Moi et lui, après tout, ne sommes pas encore assez intimes pour l'adoption de ce registre un peu trop familier à mon goût.
Et j'ai jamais aimé les rapporteurs.

23.9.08

Stress & Anxiété, III

Hier, en analyse de texte, je me suis plantée. J'ai dit des bêtises. J'ai été le cancre. J'ai tout fait à
l'envers, croche, je suis restée en surface, j'ai tout loupé.
En entendant les fruits prodigieux des réflexions collectives des autres groupes, mon orgueil ne fut pas seulement atrocement meurti en un de ses points les plus vulnérables, mais je fus de plus saisie d'une peure atroce; et si mon regard de lectrice était superficiel? Et si je n'avais pas de talent dans l'analyse de texte? Et si j'étais une littéraire médiocre? Et s'il était trop tard pour y remédier?
Il est vrai que depuis trois semaines, je ne fais rien.
Mais tout de même, je ne le digère pas. Littéralement.

Je viens de passer une heure à chercher des références afin de pallier à mes lacunes. Je tremble, j'appréhende le pire en fait de résultats.

D'un autre côté, il est probable que je revête ainsi mon avenir académique de si sombres linceuls seulement à cause d'une légère égratignure à ma fierté, encore une fois. Ou que, d'une manière naïvement prétentieuse, je reste pantoise et confuse devant des idées qui n'ont pas eu le bon goût et l'à-propos de naître en mes méninges auparavant d'être exprimées par les autres.

Orgueil mal placé? C'est, dans tous les cas, un excellent incitatif au travail.

19.9.08

Mon premier contrat d'édition

Cher auteur,
Chère auteure,

Qui, moi?!

Veuillez trouver ci-joint une version .pdf du contrat d'édition qui vous liera officiellement à
Mœbius pour avoir publié un de vos textes dans le numéro 120, sous le thème «L'espérance de vie».

Oooooouéééé!!!

Ce numéro, piloté par Patrick Brisebois, doit paraître à l'hiver/printemps 2009.

Piloté par l'ineffable Patrick Brisebois*?! Mais mais mais, je suis au comble des honneurs! Descendez-moi des nues, quelqu'un!

[...]D'ici quelques mois, vous en recevrez à votre tour une copie signée par M. Giroux accompagnée d'un chèque au montant de 20$ par page imprimée dans la revue.

Oh boy, tasse-toé Ponson**, parce que, here i come, escrivaillaine payée à la page!

Maintenant que je vous ai étalé mes ingénus enthousiasme et fiertée, je vous promet que j'en parlerai plus.***

*Ah ouais, j'étais pas au courrant, d'ailleurs...
** Du Terrail
*** Ça qualifie pas comme un chleuasme ça, hein?

17.9.08

Moments proustiens, I

Dans mon cours d'histoire du théâtre de l'Antiquité au XVIIe. En écoutant discourir sur les Grecs et de la Vertue grecque, l'agôn, je songe aux sévères philosophes de l'époque, Aristote, Platon et compagnie. Ces compères me font dériver aux mathématiciens grecs, les Euclide, Pythagore, Archimèdes... Ces austères compères me rappellent ma propre incompétence en cette science. Cela me remémore le moment où j'ai le plus souffert de cette incompétence, la 4ème et 5ème année du secondaire, où j'étais obligée de suivre des cours de maths fortes. Par association, j'en viens à me rappeller d'un jeune homme K.... V...., qui était sans aucun doute brillant, mais qui se comportait d'une façon éminement méprisante, voir même haineuse à mon égard.
Je n'ai d'ailleurs jamais compris les prémisses de cette haine, outre nos diamétrales oppositions en rapport à certains sujets; j'étais une révoltée, théâtrale dans son discours, isolée par sa singularité. Il était un docte et froid personnage, peu loquace certes mais apprécié de ses congénères pour son intelligence tranchante et un type d'esprit ingénieux mais fort sec.
Son bon souvenir me rappella un incident qui me fut particulièrement pénible et dont les contours me sont à ce jour fort vagues. Je suis, comme d'aucun le sait, légèrement sourde. Je fais souvent répéter les gens et j'abhorre le téléphonne dû à ce léger déficit auditif.

Dans une classe de morale, qui venait de changer de nom pour la énième fois, j'avais fait une inervention qui interrompait peut-être son propre commentaire, mais qui visait à y ajouter, à y renchérir, si je me rappelle correctement.
Il me répondit quelque chose de confus; je demandai "Quoi?". Il répéta, mais j'étais toujours dans l'incompréhension: "Comment?". La troisième fois fut fort claire: "TA GUEULE, Léa!". La classe rit. La professeur, personne légèrement sotte, (que j'ai d'ailleurs croisée quelques années plus tard à une clinique d'expérimentations pharmaceutiques rémunérées), saisissant que cette insolente brimade obtenait l'approbation générale, (je me rappelle son regard sans direction aux yeux ronds, vitreux, alors qu'elle délibérait à savoir si l'action, selon la sanction qu'en faisait la classe, était réprimandable ou non) continua son cours.

L'humiliation fut terrible.

Malgré la chaîne d'idées que j'ai longuement étalée ici, la scène s'est représentée toute de suite dans ma mémoire, j'ai eu à la subir encore une fois.
Je ne dis pas "une deuxième fois", c'est un souvenir assez récurrent...
Mais cette fois-ci, il était empreint d'une force, d'une soudainneté qui m'assommèrent, commotion redoublée par le point auquel il était imprévu.

Devant cette scène mentale, surimposée à l'image du Théâtre de Dionysos projettée sur l'écran, j'ai dû refouler des larmes.
***
(Je ne sais pas si le dévoilement de ce souvenir honteux m'en soulagera.
Beaucoup d'éléments de mon passé me sont douloureux et il me semble que de les ressaser, contrairement à la logique psycho-cognitiviste, ne me les rend pas plus doux ni faciles à supporter.

Comment désammorce-t-on la tristesse de jadis?)

3.9.08

Les préoccupations

Je suis préoccupée. Beaucoup de rengaines idiotes obstruent mon espace mental, je voudrais faire le ménage là-dedans comme dans les vieux papiers. Mes remises en questions elles-mêmes se sont tranformées en petites routines, je retombe toujours dans les mêmes chiâlements internes ratiboisés... Je vous jure, ça fait stagner; besoin d'air. L'inconfort et le mal-être sont devenus, plutôt que des incitations énergiques à l'action, des motifs vivifiants de création, ils sont devenus de mauvais habitudes, des ritournelles usées, l'aiguille a râpé par-delà la cire . Je me répète sans cesses ces frustrations et ces ressentiments, je me fais penser à une vieille qui se lamente dans un cycle infini de récriminations.
Y'était temps de rentrer à l'Uni, mais dans mes premiers cours, je me suis sentie agitée, pressée vers la fin sans que rien ne m'attende au terme de la séance.
Récemment, cette agitation mentale, ces préoccupations, s'imiscent dans ce qui en avait toujours été épargnés, la lecture, les cours... Pas l'amour, quand même.

Vous les connaissez, mes petits tourments intimes. Vous les répètera-t-on? J'me trouve grosse-et-laide, regarde les autres belles jeunes filles, alors fais du sport, mange bien. J'me trouve médiocre et ratée, fais quelque chose, sort de l'immobilité, alors bouge. J'me trouve désorganisée et insatisfaite, alors corde ton temps, tes occupations, améliore tes conditions de vie. J'me trouve peu aimable et peu aimée, alors guéris ta tête, va au psycho, soit gentille. J'me trouve incapable d'avoir des idées, d'être inspirée... Tiens donc, pourquoi?...

Comment faire trébucher ces pensées circulaires? Une bonne jambette?

2.9.08

Les Trompettes de la Renommée

Ce matin, au premier cour de cette première session de mon premier Bac. Jeune dame aux yeux émouvants, du genre oriental-doux extra-cils, me dit: "Je te reconnais! Tu étais dans un de mes cours il ya deux session!"
- Euh...
- Oui oui, tu faisais toujours des analyses très poussées quand il y avait des discussions! Tu étais dans quel programme?
- Mais c'est pratiquement impossible, j'étais en propédeutique cette année dernière...
- Tu n'étais pas dans la classe de Littérature du Monde?
- Hum, non, impossible, tu vois, ce ne devait pas être moi!
- Si si, je suis sûre...
- Mais pourtant je ne faisais que des cours préparatoires l'an passé, alors c'était pas moi...
- Mais tu n'a pas pris de de cours de littérature du tout, alors?
- Ben, euh, oui, Lecture du Roman avec S... V...
- AH!! Voilà! Je t'ai reconnue! C'était bien toi! Tu faisais vraiment d'excellentes remarques!
- Hihihi!... ben hum... merci?

***

Hier au soir, attablés l'un devant l'autre:
- Tu vois, moi, je n'ai rien dont me vanter.
- Ben... Euh... Tu peux te vanter de vivre une vie normale, en te nourissant, travaillant et étudiant, c'est quand même plus qu'on pense!
(Légèrement piquée:) - Wow, tu me flattes là, Chéri!

***
Facebook, lui, m'apprend que si je suis classée dans les meilleurs rangs en ce qui concerne l'alcoolisme, la bamboche et l'amabilité pour une journée (cette bonne blague!), en revanche je suis bonne dernière en ce qui concerne ma serviabilité (hmpf) et surtout mon assiduité aux études. Je dois effectivement être une bien piètre étudiante si je n'ai eu que des A à ma session précédente et que ma moyenne se cote présentement à 4,1 ...

20.8.08

Stress et Anxiété, II

Journal du bord, thème; l’oisiveté.

En quatre mois de service, on ne m’avait encore connu aucune défection au poste. Mais j’ai, ce matin, succombé à l’attrait du lit et proféré un demi-mensonge à mes employeurs; mal au ventre, rentrerai pas.

Demi seulement, parce qu’effectivement, le stress est tel à l’emploi que je n’en chie plus de quelques jours.

Je me suis donc recouchée et ai roupillé bienheureusement, avec le piquant que rajoute à toute chose la violation d’une règle, jusqu’à 13h00.

J’ai passé le reste de la journée dans une oisiveté salutaire.

Grâce à cet état de calme et de contemplation, j’ai pu identifier quelques éléments problématiques quant à ma production. Et même si je sais que rien n’est plus barbant pour le lecteur que les lamentations de l’écrivain sur sa non-écriture *, je vous en livre quelques unes.

On se souviendra du temps jadis, vous, mes plus fidèles lecteurs, où je n’hésitais pas à épandre en une colorée marmelade de mots, les turpitudes les plus indécentes de ma vie, et mes entrailles les plus secrètes. Le procédé n’est pas sans torts, loin de là, mais on pouvait du moins affirmer, en ces temps-là, que mon écriture avait une poigne, une force, une vibration qu’elle n’a peut-être plus aujourd’hui.

C’est tout d’abord que j’ai conçu, au fil du temps, une certaine gêne à me dénuder ainsi. Ensuite, je me suis posée des questions sur la validité d’une telle littérature. Et enfin, (et surtout!) j’ai changé. Mon âme ne résonne plus aux mêmes émotions.

Quand j’étais adolescente, et antérieurement à l’avènement de tous les traitements psychotropes que l’on sait, je me souviens que j’étais chavirée constamment par de magnifiques furies, soit l’Indignation, la Haine, le Désespoir, la Rage. Mes questions étaient peut-être plus vastes; elles étaient, en tout cas, moins honnêtes dans leur ignorance. Elles n’admettaient pas intérieurement l’absence d’une réponse; ou du moins l’absence de cette réponse me soulevait d’une colère, d’une agitation terrible. J’étais bien convaincue de l’infamie et de l’injustice de ce qu’on me faisait dans ce temps là (que ça me concerne ou non).

Maintenant, je ne suis plus sûre de rien, et j’accepte davantage des comportements autres que le mien. Peut-être suis-je un peu découragée par mon ignorance, et me cantonnai-je à des terrains connus, loin des remous que provoquaient le choc de ma sensibilité et des actes d’autrui, ceux du Monde.

Je suis devenue blasée, ou mesquine. Ou peut-être que je prends une trêve de toute cette agitation, question de me fortifier.

L’émotion que je ressens le plus, maintenant, c’est la frustration. De multiples petites frustrations qui ne dépassent pas ma petite personne. Frustration au travail, frustration à la maison, frustration de ma propre veulerie. Et toutes ces choses sont si petites… J’hésite beaucoup à écrire là-dessus.

C’était facile, plus jeune, d’écrire, motivée par de telles Furies! J’étais plus brimée, aussi; cela excitait ma productivité.

Dans ce temps-là, j’écrivais constamment. C’était un exutoire toujours disponible, toujours possible. Cette discipline, comme le mouvement d’une pendule, m’entraînait à écrire, écrire encore. Ma discipline a perdu de son momentum.

Peut-être que, comme en art où on fait des séries d’études, où on répète inlassablement l’exécution d’un motif ou d’une forme jusqu’à l’atteinte de la perfection, devrais-je faire de la drill d’écriture? Des choses peut-être sans passion, mécaniques, mais salutaires pour ce momentum qui me manque?

Comme le canal auditif qui produit de plus en plus de cérumen lorsqu’on le bouchonne avec un cure-oreille, l’inspiration, les idées pourraient m’être plus faciles, moins volatiles surtout, si j’écrivais plus.

Faque genre, écrire des nouvelles?

(* Sauf Darnziak, parce que c’était tellement compliqué et trituré. On t’aime, Darnziak!)

10.8.08

Stress et Anxiété, I

Journal du bord.

Le bras droit m’élance comme si on tirait les muscles au-delà de la peau de l’extrémité des doigts érigés. Si ça serait le bras gauche, je pourrais me dire, au moins, crainte de Crise du Coeur, je pourrais appeler, au moins, dire, j’suis malade, hey, la shoppe à marde se passera de moi.

Le département doit être juché sur mon épaule droite. C’est ça qui pèse de même. 20 isolettes en plexiglas sur la clavicule.

J’ai des bouchons dans les oreilles, les sons m’agressent trop. Je perçois quelque chose, auditivement, un genre de trame de plusieurs notes, c’est beau, j’ai entendu ça au début d’une chanson des Black Angels je pense. Y’a quelque chose d’initiateur et d’apaisant dans cet accord que joue ma circulation.

Je me fléchis le membre, rien à faire, les signaux d’endolorissement persistent. Ah ben tsé. Y’a pire tsé.

C’est l’hébétement. Je ne suis plus la même personne. Quelques contacts sont débranchés, il y a des choses hors d’atteinte dans mon esprit, c’est étrange.

La bière goûte la pisse, le skunk, le pot résineux.

L’amour est élusif, il me laisse détremper ma culotte, littéralement, il atteint à peine le bord de ma fesse pour le faire.

Je m’étendrais, ça va mal pour boire.

Je fumerais mais je ne sais pas si j’en ai envie.

Faut réécrire.

Marde, marde, marde.

Il faut s’y faire.

Flaubert dit quelque part dans Madame Bovary, et je cite, imparfaitement et indirectement, que chaque fils de bourgeois s’est déjà cru un poète.

Riez et pleurons.

8.8.08

Le chîalage, retour sur la position initiale

« Pour une éthique du chiâlage. »

Bon j’ai réfléchi (ça m’arrive à l’occasion) et je me suis rendue* compte que ma première position manquait de nuances. Faut me pardonner; j’ai tendance à m’enflammer, à tout prendre au premier degré, à monter sur mes grands chevaux (ça frotte bien), j’ai tendance à être indignée, véhémente, tout le pataclan, j’ai tendance à penser que ce que je dis peut faire quelque chose à quelqu’un. Heureusement, quand je redescends de mes furies scandalisées, je réalise que mes colères ingénues chrissent rien à personne. Ça et, comme j’ai un peu d’autocritique, je prends conscience de mes erreurs de raisonnement.

Aussi le chiâlage; je ne le condamne plus d’emblée.

Cependant!

Il me semble que le chiâlage qui manque d’authenticité goûte un peu fade. Il me semble aussi que de chiâler pour un motif autre que celui revendiqué goûte encore plus le stale.

Dans le fond, ma position sur le bitchage est toute Célinienne (j’espère que je ne surprends personne.) Si ce qu’on écrit n’a pas été vécu d’une façon ou d’une autre**, ben, your art is dead and so are you. C’est plate à lire, c’est plate à écrire, c’est plate tout le temps. Un peu d’humilité à la Proust, qui a attendu la dernière portion de sa (brève) vie pour écrire, ne ferait peut-être pas de tort à ces gentils mondains. Tas de Guermantes!

Ainsi, on l’sait toute qu’il y a des gens tellement inquiets dans la vie, parce qu’il leur est tellement rien arrivé qui leur permettrait de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, qu'ils revomissent toute leur insécurité sous la forme d’une arrogance tout simplement désagréable. En gros, la fatuité est un phénomène réel. Il faut savoir la reconnaître!

Comment reconnaître la fatuité avec 5 trucs faciles :

1) L’auteur sait-il de quoi il parle?

Facile. Il suffit de remonter un peu aux sources. Rappelons-nous qu’une connaissance superficielle ou un exposé complaisant des faits trahit la malhonnêteté intellectuelle.

2) L’auteur prend-il position?

C’est ben beau chiâler, si tu ne prends pas le risque de revendiquer quoi que ce soit, c’est dur de le prendre au sérieux. Une critique qui ne sort de rien, que vaut-elle?

3) L’auteur ose-t-il exprimer des admirations à l’occasion?

Rien de plus compromettant que d’admettre qu’on aime quelque chose! On devient vulnérable. On peut être ridiculisé ensuite. Recherchez ces aveux chez votre auteur.

4) L’auteur exprime-t-il des vulnérabilités, des sentiments vrais, de l’auto-critique, un peu d’authenticité?

Si vous ne trouvez pas trace de ces « fragilités » dans les écrits d’un auteur, méfiez-vous. Rappellons-nous que même Hemingway, super macho-man s’il en fut, savait exprimer des sentiments vrais.

5) Lors de critique, l’auteur amène-t-il des faits, des analyses, ou s’en tient-il à la dérision?

Ça se passe d’explications….

Je reconnais qu’il est amusant de rire les uns des autres et que nous avons tous nos travers et nos ridicules. Moi la première… Après tout, combien de fois ne me suis-je pas adonné à de cruelles facéties sur le compte d’autres écrivains (voir les poèmes en monosons (catégorie œuvres de jeunesse….))! Combien de fois n’ai-je pas été moi-même tout bonnement risible?** Mais que peut-on dire de ces plaisants railleurs qui, lorsque c’est leur tour de passer au pilori, s’hérissent le jabot à la moindre once de critique? Personnellement, à ce moment, mon rire s’éteint et cède le pas au malaise et à l’agacement.

- Poulpe l’énergumène

* ostie que ce PP-là je le comprends jamais

** Je tiens à préciser que n'importe quelle expérience intérieure qui prend sa source dans une impression ou une pensée honnête compte là-dedans. Je reconnais lque l'argument est flou; il mériterait en particulier d'être approfondi.

*** countless times!

6.8.08

Se résumer

<<Issue d’une famille bourgeoise dont elle est la cadette, Madame Poulpe n’a rien su faire de remarquable à ce jour. Elle passe son temps à lire, à se saouler et à pester contre le milieu hospitalier, où elle œuvre à titre de laquais. Elle est bien connue pour son manque de convenances et une préciosité involontaire dont elle n’arrive pas à se défaire. Elle maintient des blogues à la popularité (très)* relative depuis 1998.>>

*Très!

25.7.08

Cessez de chiâler.

Ah, ça va faire le bitchage. Arrêtez donc de bitcher! Vous êtes justes des bloggueurs, pas des Académiciens! Vous êtes pas donc' tellement plussse beaux et talentueux et intelligents que tout le monde, là! Toujours la petite critique fatiquante, jamais constructive la critique, qui s'engage dans rien, qui ne se compromet pas, qui prend jamais vraiment position, mais qui trouve quand même le moyen de se mettre au-dessus de tous les autres sales plébéiens que nous sommes, êtres d'élite à l'esprit et aux charmes ineffable! Suffit! Stop! Argh! M'tappez sué' nerfs!

L'INTIMISME; sacrez-y donc la paix! Proust, Céline, Beauvoir, Sarraute, Duras, Ducharme, ça vous dit quelque chose? Tsé là, des géants de la littérature, que ça vous plaise ou non? Y'as tu plus fucking intimiste que ça? Non? Bon! Que d'autres escrivailleurs, comme vous en êtes sauf vot'respect, le pratique et puissent manquer de talent, ne change rien à la validité du médium. Estie.

LE BON GOÛT; vous en êtes pas les détenteurs! Non mais je vous en apprends une bonne, là! Vous êtes kitsch aussi! Vos sujets ne sont pas meilleurs parce que pseudo-sophistiqués ou pseudo-hermétiques!

L'ORIGINALITÉ: vous avez rien inventé non plus! Y'a pas grand chose de neuf sous le soleil, particulièrement pas la pédanterie, la prétention, la fatuité et la croyance ingénue et ridicule que vous feriez sans doute mieux que tout le monde et leurs soeurs. Un peu de bonne foi, ça vous dirait pas, des fois?

Croyez-vous donc les gens si imbéciles qu'ils seraient incapables de voir toute la frustration et l'insécurité que masque fort malhabilement votre insupportable vanité? Pensez-vous vraiment que pisser sur la tête des autres vous confèrerait à vous un délicieux et irrésistible arôme? Trouvez-vous ça bien piquant de faire ce que tout le monde fait, soit être convaincu d'être dans le vrai envers et par devant tous les autres braves gens? Hey! Sortez de la bulle! It's not all about you, câlice!

Non, l'univers ne fonctionne pas selon le mode binaire qui consisterait en "Bon = comme vous Versus Mauvais = Pas comme vous."

NON, VOUS N'ÊTES PAS LE SEL DE LA TERRE.

Aaaaaaaaah... *grand soupir de soulagement*

Vous pouvez maintenant reprendre le cours de vos existences.

signé,*

-Le Poulpe énergumène.



*J'y tiens, à mon malapropiste "signé", bon!
** Ce texte comporte une carence en article négatifs (n', ne.)

23.7.08

Indélicatesse

Je manque souvent de tact par ma littéralité et le spontané de ma franchise. Cela me fait commettre bien des impairs, mais celui d’aujourd’hui bat des records.

Je m’explique.

Aujourd’hui au travail, nous accueillions deux jumeaux de St-***, dont l’un à terme et l’autre mort in utero depuis la 19ième semaine. La grossesse avait été interrompue suite à la découverte que l'enfant était un encéphalocèle. Genre y'avait pas de cerveau qui poussait. Cas imprévu, l’infirmière de transport a ramené la dépouille du féticide afin que notre département de pathologie effectue l’autopsie. Faute de précédents en la matière, la pauvre infirmière ne savait que faire de la petite masse de chair en son placenta. Elle me demande d’appeler en patho, afin que je prenne connaissance de la procédure exacte.

- Où est-ce qu’il est, le bébé?

- Il est dans le placenta, là-dedans, me dit-elle en désignant le petit paquet soigneusement enveloppé dans un sac de plastique noir qu’elle trimballait depuis un moment.

Léger malaise.

Ce genre d’éventualité est évidement assez peu courante, ce qui explique notre confusion à tous.

La conversation avec la commis de patho est allée environs comme suit :

« - Patho, bonjour!

- Ouuuui bonjour, je m’appelle Léa, je suis commis en néonatalogie… Bon je vais tenter de vous expliquer la situation, nous avons eu un transfert de jumeaux de St-***…, dont l’un est vivant et sur l’unité et l’autre mort in utero depuis l’âge de 19 semaines… Et là on sait, euh, pas trop quoi faire avec.

-Attend, attend... Euh… Ben y’est où, là, le jumeau mort?

- Là là? Y’est sur l’unité, mon infirmière de transport l’a din’mains, a’se promène avec comme c’est là. »

Éclats de rire général derrière moi. C’était les résidents qui me trouvaient pas mal comique, bien involontairement il est vrai…

J’étais presque aussi mortifiée qu’amusée aussi par la terrible banalité de quelque chose d’aussi morbide.

La commis de la pathologie a rit aussi.

Elle-même m’a transféré à quelqu’un, qui m’a transféré à une boîte vocale. Comme tout cette histoire n’avançait pas bien vite, l’infirmière, toujours le fœtus sur les bras, me demande :

- Ben là, qu’est-ce que je devrais faire avec ça?

- Ben je sais pas moi, mets-le au frigo?

Avant d’être acheminé à bon port, il s’est ramassé dans un petit bassin de plastique bleu, du type qu’on utilise pour laver nos patients vivants, quelques lingettes sur le dessus en guise de linceul, le tout sur une table dans le couloir. J’avais très peur de regarder à l’intérieur.

21.7.08

Ersatz de Cendrier

Mon cendrier est un étrange petit gobelet en étain, monté sur un pied plus long que son vase, l’ourlet du vase plus large que sa mi-section. Le métal a depuis longtemps perdu le peu d’éclat qu’il a pu avoir à l’origine, où il devait faire office de bibelot, avec une efficacité décorative plus que relative. Je le fait sans cesse basculer lorsque j’avance ma gourde main, à l’aveugle, il s’abat sur le bureau et son contenu poussiéreux à l’odeur vile s'y répand. Je renverse souvent mon cendrier, d’abord il n’est pas conçu pour cet usage, ensuite le long pied compromet sa stabilité. Il est en équilibre constant. Je romps constamment cet équilibre.

Il est indéniable que la lumière d’une lampe réduirait ces déversements de mégots. Cependant, je sais que l’accident occasionnel surviendrait tout de même.

Je persiste à ne pas me procurer un vrai cendrier.

Et à salir mon bureau.

Je ramasse les bouts de clopes, mais pas la cendre.

Je conserve aussi un tas de vétustes factures souillées, froissées, décolorées, toutes parfaitement inutiles, toutes attestant d’une transaction insignifiante, consommée de façon permanente et perd systématiquement toutes les preuves d’achats onéreux qui seraient indispensables à un remboursement ou une réparation.

Tout comme je garde une multitude de bricoles saugrenues. Des montures de lunettes sans branches, des macarons sans épinglettes, des écouteurs sans fiches, des plumes sans encre, des montres sans bracelets ou sans piles, des papiers sans conséquences, des textes sans suites, des dessins sans finition. « Ça peut servir », « C’est intéressant », « Je peux le réparer ». Est-ce mon sentiment de solidarité avec les estropiés qui s’exprimerait ainsi de manière symbolique, frisant la manie?

J’ai de la misère avec le définitif. Plutôt que de trouver le Verbe, je tripote des vétilles.

Lorsqu’il m’arrive de tomber sur une idée tangible lors de mes ergotages internes, toutes les réflexions que j’accumule dans ces longues et tâtonnantes rotations de la conscience me reviennent par à-coup et c’est avec stupeur que je constate que je n’en ai encore rien fait.

Comment change-t-on?

14.7.08

l'abstention

Je suis, au fond, encore un enfant: je me suis jamais sortie de l'ubiquité et du confort du monde des possibles. Agir, c'est se commettre.¹
***
Lire Dharma Bums (Kerouac) et De l'inconvéninent d'être Né (Cioran) en même temps, ça fait un drôle d'effet.
***
Avant, j'aimais beaucoup raconter des histoires, créer des mondes fictifs. Maintenant, je me méfie de la gratuité de l'imaginaire.
Il me semble qu'il est obligatoire d'enchaîner ces fabulations à du solide, à du vrai. Les dialogues doivent provenir de la systématisation de longues observations prises sur le vif; la psychologie des personnages fondées sur leurs histoires, recherchées dans les dernières théories et les laborieux souvenirs, à la méthode proust; l'intrigue ficelée comme du shibari puriste ou des travaux d'aiguilles polonais, infiniment complexe mais harmonieusement amalgamée... Sinon on est naïf et malhabile. Mais il est peut-être mieux de produire des textes naïfs et malhabiles que de se ronger les ongles à vouloir pondre du sublime ou rien du tout.
***

¹(Il me semble que cette phrase là n'est pas de moi...)

9.7.08

Inconforts *dans* le groupe (Vivisection)

Le strass est terni, et l’ivresse n’a plus de suc.

J’ai avalé la boue de trop d’amants.

Ma chair est l’étai de leur plaisir indifférent, mon oreille le puits des milles confidences que peuvent me faire leurs égos précieux, reluisants, bien entretenus de ce fait. On m’établi dans le culte de leur magnificence, en remplacement de la femme digne, qui n’est pas moi. C’est un poste temporaire.

Je me suis vouée à tant de boue glorifiée… Il me semble qu’elle s’est séchée sur moi, dans moi, elle forme une croûte qui gêne tous les mouvements, toute la chaleur.

J’ai la main, la tête si pleine de boue, ce qui passe au travers se confond en un vaste mensonge, quelques autres racontards sans importance.

Il me semble que cette boue, elle s’est tant et si bien infiltrée, qu’elle ne saurait plus être extirpée de moi; elle est indissociable de mon être, maintenant. Je suis cette boue et cela me fait horreur.

18.6.08

Inconforts de groupe, avant-propos

<<...L’intertexte est plein d’inconnus. Tous les mystères sont là. Je sais qu’il y a des clefs, je sais que c’est un préalable de les posséder. Ceux qui en sont démunis doivent se démerder. Ils sont toujours un peu infirmes… Ce sont eux qui ont les yeux fous dans les situations sociales. Souvent, vaincus, ils abaissent le regard en signe de reddition, et fixent un plancher qui ne leur raconte rien.

Ces clés, je ne sais pas si ce sont des apprentissages. En tout cas, ils n’impliquent pas un langage parlé, ou écrit, ou du moins pas comme moyen direct de légation. Ce sont des inférences que les êtres font à partir des effets de leurs gestes sur les autres; avec le reflet-miroir de ces gestes, effets et inférences effectué par tous les pairs, se forment des us et coutumes, des acquis secrets, allant de soi, indéchiffrables parce que sans le chiffre de quiconque, indécodable même si c’est, à proprement parler, un code. Mais ce code ne peut justement être proprement parlé; il ne se trouve consigné nulle part, que dans l’assentiment sourd de tous les participants.

De plus, ces lois, qui régissent la plupart des comportements sociaux et même solitaires, en plus d’être intangibles sont vagues, molles, changeantes, amorphes.

Ce ne sont pas tant ces lois qui sont intéressantes, tant elles sont imprécises et généralement anodines (tant qu’elles ne se solidifient pas en traditions) que le mécanisme, lui ultra-précis, de l’acquisition de ces lois. Il est inouï de constater ce processus, qui se déroule en l’espace de quelques instants seulement, avec une acuité extraordinaire, qui fait douter que ce ne soit qu’un simple comportement d’imitation qui soit en jeu. Ils semblent que les protagonistes, dans la situation A ou émerge un comportement B, perçoivent sensiblement en quoi consiste ledit comportement B, sans qu’il ne soit besoin d’explicitation aucune. Ce qui est encore plus sensationnel, c’est que malgré la grande précision avec laquelle se fait ce calibrage de chaque individu lors de l’émergence d’un comportement de groupe, c’est que ce calibrage n’est pas consciemment vécu par l’individu, à moins que ce dernier éprouve justement des difficultés dans les interactions sociales.

C’est la plus ou moins grande précision de cette calibration, dicté par un instinct sans doute fait d’inférences longtemps justes et non contredites, qui fait le succès social. L’individu doué sait s’adapter à n’importe quel groupe, à moins d’un trop grand écart culturel ou contextuel. Même étant donné un tel écart, il saura ne pas se faire hostile, bref, ne pas commettre de gaffes.

C’est un des phénomènes sociaux de ma connaissance qui me semble le plus fascinant. La calibration éternelle des uns aux autres, passant dans une communication sans langage lui étant spécifiquement dédié.>>

-Professeur Poulpe dans Discours égarés aux gens indifférents

20.5.08

Marée haute

Bon, ça va faire.
Je ne vais pas m'empêcher d'écrire par peur que quelqu'un, quelque part, ne considère pas mon matériel comme indubitablement génial. Fuck ça. C'est écrire qu'il faut, et si ça me chante de faire de l'intimisme, de la glossolalie, du name-dropping ou de l'humour observationnel douteux, je vais le faire, et que ceux à qui ça déplaît se rentre le doigt dans le cul jusqu'au coude, voir si ça me dérange.

On va commencer par une
MISE À JOUR:
- J'ai juste eu des A cette année. Dans tous mes cours. Yeah!

- Je suis maintenant fonctionnaire. Je gère de la paperasse dans une unité de soins intensifs dans un Centre Hospitalier. Je dirige le flux des appels qui orbitent autout de tous ces petits couffins plexivitrés.

- J'ai un genre de relation. Bien que je sois entrain de battre mes records en matière de longévité de couple, plus avant je m'y enfonce, plus je constate les dualités paradoxales de sentiments en moi s'amplifier. L'amour côtoie la haine, le désir se change en dégoût, l'irritation succède à la tendresse, le besoin inconditionnel de sa compagnie alterne avec des envies farouches de solitude, la gratitude se change en ressentiment intense. Ces oscillements entre des états aussi polarisés me rendent tout-à-fait perplexe. Je me rend compte que quelque chose cloche dans
mes relations avec autrui. Il y a matière à investiguer, je rumine ça depuis un certain bout déjà.

- Je lis Proust, Burroughs, Sacher-Masoch, Nizan... Je ne prétends pas que ces lectures soient toutes égales.

- Je ne sais pas si je suis contre Sainte-Beuve ou "contre Wilde" au contraire, mais j'ai l'intention de débatre de ces deux optiques prochainement. (c'est-à-dire sur ce prestigieux blog.)

- Je n'ai jamais été aussi dépolitisée; j'aurais envie de dire déplubicisée si le mot existais. J'évite de m'informer sur ce qui se passe en toutes choses avec une application que l'indifférence seule ne pourrait expliquer (je n'ose même plus lire les blogs!). Je ne suis pas dupe de moi-même, je compte enquêter là-dessus aussi.

- L'inspiration et le goût d'écrire reviennent à mesure que je me rend compte d'avoir le droit de ne pas composer des oeuvres de génie dès le premier essai. Un embargo littéraire de plusieurs années s'achève donc. La lecture des mémoires de Beauvoir ainsi que les notes biographiques sur Proust, Céline et de nombreux autres n'y sont pas pour rien.

1.4.08

Trichotomie

Le dilemme est entre se taire, parler sans dire et dire.

Je suis assise sur cette fourche (aïe!) et je ne sais pas quel embranchement choisir.

26.3.08

LES PORTES DE LA MERZEPTIONS, première partie.

L'inédit!
(Pour savoir ce que c'est que le Projet Merzbow, voir le lien approprié.)


LES PORTES DE LA MERZEPTION.*

Étude de cas.

Expérience scientifique** ayant pour sujet l’Individu M.P.

* T’a catch tu?

** Quand on dit scientifique on s’entend, c’est comme quand Zola dit ça de ses romans, bref, mettre ben des détails descriptifs pseudo-objectifs et se croire rigoureux

Paramètres de l’expérience.

Le sujet est placé sur une chaise devant son terminal d’ordinateur.

Plusieurs disques de Merzbow sont joués en boucle.

Le sujet doit noter ses impressions.

Il n’y a pas de groupe témoin.

Les autres sujets sont placés dans des conditions similaires.

PRÉLIMINAIRES

Je regarde les fichiers de mon lecteur numérique se faire détruire un à un, non sans un certain sentiment d’apréhension mêlé de regret. Je ne sais pas dans quoi je m’embarque.

4ième heure

Je m’étais couchée hier avec tout le matériel de Merzbow en ma possession mis en boucle (Le dvd qu’on nous a envoyé, ayant inexplicablement fondu en une partie de son moyeu, était inutilisable.) Comble de la chance, Winamp s’est enfargé dans un fichier corompu et a interrompu sa boucle vers la 3ième heure et demie. Comme le volume était très bas et que j’étais déjà endormie, ce n’est qu’au réveil que j’ai constaté l’interruption involontaire de l’épreuve.

Je tentais par cette écoute ensommeillée d’habituer mon cerveau à la séquence entendue afin que, la reconnaissant, il y trouve plus de plaisir.

Enfin, c’est reparti…

Je me sens très fatiguée à l’écoute de cette musique. Si elle n’est pas fautive, l’association est au moins ironique.

5ième heure.

Je commence à avoir de la difficulté à distinguer les bruits de mon environnement de la musique. Tout se fond dans une étrange ambiancemusicale disjonctée.

Ça va finir par me faire écrire de la poésie.

***

J’ai l’impression de perdre une partie de mes facultés mentales lorsque Metalvelodrome joue.

6ième heure

Ce que j’ai fait en écoutant du Merzbow :

- Dormi

- pissé

-déjeuner

- Pris le métro

-marché

-fait l’épicerie

- changé une litière

- fait une sauce à spagh

- balayé le plancher

- une brassée de lavage.

8ième heure

« Un coup de jambon » devrait pas me faire rire autant.

Je cite Meth: "Un effet secondaire imprévu : Les bruits de la rue me parvienne maintenant souvent sous la forme de douces mélodies, on dirait que Merzbow rééduque mes oreilles à la poésie du bruit. Je trouve que l’écoute de cette musique expérimentale, quand on y est disposé, réveille et motive."

9ième heure

Merztronic rythm mix sonne comme de la musique! Fuckééé! C’est presque comme si je trichais.

14.3.08

Flottement


Mon inertie s'accentue. Ça flotte. Toujours en proie à mon indétermination profonde, encore plus. J'ai une foule de prétendants, (je me rend objectivement compte à quel point c'est inusité pour moi) mais je ne ressens aucune passion pour eux. J'ai des notes, encore, tout aussi pétulantes qu'indécentes, j'y travaille très peu. Je socialise mais je ne m'inclus pas. Je fais des démarches sans aboutir. J'ai des envies mais peu de motifs. C'est pour ça que je n'écris pas.
Aujourd'hui j'ai 22 ans, et je voudrais achever ma métamorphose. De larve à nymphe, au moins. C'est poisseux et étroit dans mes langes de toujours.
Gutenberg: Picture of Dorian Gray - Oscar Wilde
Papier: La Force de l'Âge Simone de Beauvoir

1.3.08

CQFD

La bonne nouvelle, c'est que les effets de la suffisance, comme déni de la réalité, finissent par se retourner contre nous. Il est évident qu'à force de se trouver profondément au-dessus de tout le monde, d'être incapable d'admettre ses manquements, ses erreurs et son hypocrisie, on finit par être si sûr de soi qu'on commet des actes grossièrement inacceptables et fort malhabiles. De plus, contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'autre et ce qu'on lui fait ont une incidence importante sur notre existence. Les gens sont moins idiots que ce qu'on se plaît à déclamer à tout propos. Beaucoup ont des yeux pour voir. On ne peut l'ignorer que jusqu'à un certain point, soit la retombée de la Proverbiale Porte sur le Précieux Popotin.
L'autre bonne nouvelle, c'est que mes capacités de déduction sont encore fort efficaces, vu le nombre restreint de pistes auxquelles j'avais accès. Sarcasme ou non, (pour ce qu'il implique de toute façon), je m'accorde tout de même une bonne tape dans le dos et cinq morceaux de robots.


La mauvaise nouvelle, c'est que c'est jamais plaisant de se faire mener en bateau. En fait, je vais finir par développer un mal de mer chronique à force de ramer sur autant de galères.

Partons, la mer est belle, embarquons-nous, ô, pêcheurs..
Guidons notre nacelle, ramons avec ardeur...
Allez, hissez les voiles, le ciel est pur et beau;
Je vois briller l'étoile qui guide les matelots.

27.2.08

Ellipses.

Wow. Il était temps que j'allume.
***
"Est-ce que vous avez de la vitamine E sous forme de crème?"
- Euh, pour appliquer où, madame?
- Sur des lésions cutanées.
- Oui mais exactement, madame?
- ....Ça championne, tu tiens peut-être pas à le savoir.
***
"HEIN, mais c'est aussi gros qu'une règle de trente centimètres, ça!"
-Aux trois quarts, oui.
***
"T'as l'air de le regarder comme un boxeur en regarde un autre avant un match!"
- Y'a un peu de ça.
***
Des questions?

20.2.08

Parler comme un gagnant (I)

Dans la vie, il faut mettre la terminologie de son bord.

Ainsi,

1. on ne dit pas : « J’écrivais dans un blog trash avec 8 ou 9 autres Femmes à Couilles demie-névrosées jackées sur l’œstrogène. », on dit : « J’ai effectivement collaboré au proto-magazine littéraire les Muses Post-Traumatiques qui, pour un projet pilote (merci Meth!), générait un impressionnant lectorat. »

2. On ne dit pas : « J’pas capable de toffer le monde plus que 2 mois dans une relation et inversement… » on dit : « J’aime la variété! »;

3. On ne dit pas : « J’fous vraiment jamais rien de mon temps libre sauf niaiser sur le net » on dit : « J’accorde une très grande part de mon temps à la réflexion, la méditation et l’enrichissement de ma culture personnelle.»;

4. On ne dit pas : « Tout le monde me prend pour une christ de freak. », on dit : « Les gens apprécient ma personnalité vivace et originale.»;

5. On ne dit pas : « J’bois comme un ostie d’trou jusqu’à faire une folle de moi. » on dit : « J’ai beaucoup de plaisir à être en société.»;

6. On ne dit pas : « J’ai une grand’yeule » on dit : « Je suis reconnue comme étant une bonne communicatrice »;

7. On ne dit pas : « Chu raciste » on dit : « Je me pose des questions sur l’intégration de différentes ethnies au sein de la communauté québécoise.»

8. On ne dit pas : « L’ostie de système hiérarchique de cul dans les bureaux, JPAS CAPAAAAAB’! », on dit : « Je travaille très bien de façon autonome.»

17.2.08

Censurée

Parce que c'est dangereux pour votre confort; parce que sont Tétrarques la Complaisance, la Suffisance, la Condescendance et les Convenances;
Trois stances comme un amas d'asticots grouillants;
L'onctuosité mielleuse de la flatterie intéressée;

Pour vous, voici un Haïku, forme la plus virulente et redoutable qu'atteigne la Littérature, qui fut banni, réprouvé, supprimé, et cachez ce sein que je ne saurais voir!

"Boue dessous la neige

Entre la fange et la poudre

La duplicité "

Des iambes avec des dents:


11.2.08

Le Courage

Petit essai se voulant sans prétention. Version avec les fautes.

Parmi toutes les paraboles magnifiques que contient un de mes livres fétiches (vous l’aurez deviné, Voyage au Bout de la Nuit de Monsieur Céline) il en est une qui me semble particulièrement juste et appropriée à l’entretien d’aujourd’hui.

C’est celle de L’Amiral-Bragueton, où Bardamu harangue le capitaine Frémizon afin d’échapper à un imminent lynchage. Rappelons que nos protagonistes sont en route vers l’Afrique coloniale et que la fureur collective que suscite le héro est à son comble. Cette haine généralisée semble n’être excitée que par l’écart grandissant présent entre lui et le reste des passagers, écart difficilement explicable sauf par la nature particulière de Bardamu.

Pour vous mettre en train, je vous cite deux petits aphorismes du narrateur:

« Toute possibilité de lâcheté devient une magnifique espérance à qui s’y connaît. C’est mon avis. Il ne faut jamais se montrer difficile sur le moyen de se sauver de l’étripade, ni perdre son temps non plus à rechercher les raisons d’une persécution dont on est l’objet. Y échapper suffit au sage. »[1]

« Graduellement, pendant que durait cette épreuve d’humiliation, je sentais mon amour-propre déjà prêt de me quitter, s’estomper encore davantage et puis me lâcher, m’abandonner tout à fait, pour ainsi dire officiellement. On a beau dire, c’est un moment bien agréable. Depuis cet incident, je suis devenu pour toujours infiniment libre et léger, moralement s’entend. C’est peut-être de la peur qu’on a le plus souvent besoin pour se tirer d’affaire dans la vie. Je n’ai jamais voulu quant à moi d’autres armes depuis ce jour, ou d’autres vertus. »[2]

Amis-lecteurs, je crois peu au courage. Du moins, je crois médiocrement à la vertu de ce à quoi on fait usuellement référence en parlant de courage.

Le mot courage a comme racine cœur, siège de la noblesse et de la force morale (vx) [3]; cette ardeur dans une entreprise [4] et cette fermeté devant le danger [5] seraient inextricablement liées avec la morale.

C’est avec un certain dépit que nous voyons étiquetés de « courageux » des agissements iniques et dépourvus de mérite, comme nous le démontrerons plus bas.

La parabole célinienne illustre fort bien à quel point les dynamiques sociales déterminent ces concepts.

L’humain a tendance à agir en groupe. Il glorifie tout ce qui a trait à cette grégarité et, inversement, flétrit tout ce qui contrevient à ladite grégarité.

Seul l’intérêt du groupe compte. Ainsi, un acte qui supprime un désagrément subit par le groupe est considéré comme bénéfique.

Ces mécaniques ne sont jamais agies de façon consciente; on invoque toujours un prétexte faisant référence à la Morale Supérieure, car il faut supprimer le Doute quant au bien-fondé de l’action. Cette morale n’est cependant pas ce qui les guide en ce cas.

C’est ainsi que l’on en vient à qualifier des actes barbares de courageux ainsi que des actes justes de lâches. Ici, Frémizon était Courageux alors qu’il n’y avait pas de danger pour lui et que son ardeur dans l’entreprise était pratiquement inexistante. Bardamu était Lâche, malgré cette même ardeur dans l’entreprise et sa fermeté devant le danger.

Vous me suivez? Peu importe que vous vous conduisiez dignement/noblement/courageusement ou à l’inverse ignoblement/bassement/lâchement. Si vous allez à l’encontre du groupe vous serez un lâche.

Si je vous expose si longuement mon point, c’est pour vous parler de l’histoire de N. S. ainsi que du traitement qui lui fut réservé sur ce forum . Pour avoir contrevenu aux règles du groupe (spam d’amplitude moyenne et vantardise mal placée) on l’a tout bonnement traîné dans la boue, en révélant son nom, son adresse et ses antécédents judiciaires, dans un carnage de haine allant toujours grandissant (47pages et plus. J’en ai lu 20). Cette histoire a généré un trafic monstre sur le site alors qu’elle se répandait sur l’internet, et il y a même des utilisateurs qui se sont enregistrés pour participer à la mise à mort. Tout le monde s’instiguait son tribunal de conscience. Tous y sont allés de leur petit mot d’esprit assassin, même si certaines remarques trahissaient un manque d’intelligence sans doute supérieur à celui que l’on reprochait au supplicié.

Ce qui m’a frappée, c’est non seulement le degré d’indécence jusqu’auquel est allé le groupe ainsi que son acharnement à pourfendre N.S., mais aussi l’encensement que récolta le premier jeteur de pierre.

Courrait-il un danger? Aucun, il avait toute la communauté derrière lui. A-t-il eu à user de beaucoup d’ardeur dans son entreprise? Non plus.

Pourtant, on le traite comme s’il avait démontré du courage.

Et N.S.?C’est le pire des lâches. Bien entendu.

***



[1] (VabdlN, p. 120)

[2] (VabdlN, p. 121)

[3] Le Petit Robert, version électronique

[4] Idem

[5] Ibidem!

10.2.08

Glaciation (parabole III)

Extrait d'une lettre que je n'enverrai pas:

"...Le jour de Noël dernier, en proie à un certain sentiment de solitude, et je ne peux m’empêcher de penser maintenant que c’était prémonitoire, ou annonciateur, le lien est grossier, mais il est dur d’y résister, je m’étais accroupie au bord du lac Memphrey-Magog et je regardais la glace. Il faisait soleil, la lumière excédentaire rejaillissait dans le ciel, ça faisait un deuxième rebond vers la terre enneigée, ça ressautait encore dans toutes les directions. Il y avait du vent au sol qui soulevait des nuées de flocons follets et scintillants. Une belle journée.

Je regardais la glace, donc, avec une certaine fascination. Sous celle-ci, en effet, le ressac persistait, malgré l’hiver, et léchait le sable à intervalles réguliers. L’eau se retirait, puis revenait. Un mouvement qu’on connait tous.

Le lac, sous sa coque gelée, ne s’interrompait pas dans sa continuité. Les courants persistaient, échanges d’eaux froides et d’eaux chaudes, remous et autres phénomènes propre à icelui.

[Ainsi], sous la surface gelée, existent des volumes d’eaux mouvantes, presque terribles. Pourtant, il reste très facile de marcher dessus... Sans même avoir le soupçon de ces abîmes remuants..."

7.2.08

Pavé dans la Marre

Un caillou est lancé dans un petit étang. Il brise la surface des eaux, et s’enfonce en oscillant de-ci de-là, car il n’est pas bien gros, et il y a peut-être un peu de courant. Il a, je crois, emporté quelques bulles d’air avec lui. Elles remontent, mais il n’y a pas de presse.

Pourtant, contrairement à ce que veulent les lois de la physique et (plus fort encore) celles de la convention, il ne produit pas d’ondes concentriques; elles ne prennent pas d’expansion puisqu’il n’y en a pas. Galet intangible. Assez pour couler, mais pas assez pour communiquer son choc. Pourtant, hein! Quelle collision! Plouc!

Juste le temps d’une interjection sans résonnance. « Ah! », un peu trop strident et sec. Pas le bon ton. Pas gracieux. Pas avec les inflexions pour toujours caressantes de la coquette coqueluche. Cavatine coquine en soumission mineure.

Les regards ondulent, quelque chose de vague en l’air, ça se consulte dans l’inconscient, on en prend compte, ou pas?

Ah, mais, je sais. C’était un étang d’huile. Le caillou était truqué! C’était vraiment une petite fusée de plâtre, avec des petites hélices, déguisée en caillou, qui a produit par ventilation un creux à la surface du liquide, dont les parois étaient retenues par des chaînes de molécules stabilisées dans un vide temporel résultant de singularités quantiques et- - i l n’y a pas eu d’ondes.

Allons… Ça va trop loin. C’est par trop étrange.