« Pour une éthique du chiâlage. »
Bon j’ai réfléchi (ça m’arrive à l’occasion) et je me suis rendue* compte que ma première position manquait de nuances. Faut me pardonner; j’ai tendance à m’enflammer, à tout prendre au premier degré, à monter sur mes grands chevaux (ça frotte bien), j’ai tendance à être indignée, véhémente, tout le pataclan, j’ai tendance à penser que ce que je dis peut faire quelque chose à quelqu’un. Heureusement, quand je redescends de mes furies scandalisées, je réalise que mes colères ingénues chrissent rien à personne. Ça et, comme j’ai un peu d’autocritique, je prends conscience de mes erreurs de raisonnement.
Aussi le chiâlage; je ne le condamne plus d’emblée.
Cependant!
Il me semble que le chiâlage qui manque d’authenticité goûte un peu fade. Il me semble aussi que de chiâler pour un motif autre que celui revendiqué goûte encore plus le stale.
Dans le fond, ma position sur le bitchage est toute Célinienne (j’espère que je ne surprends personne.) Si ce qu’on écrit n’a pas été vécu d’une façon ou d’une autre**, ben, your art is dead and so are you. C’est plate à lire, c’est plate à écrire, c’est plate tout le temps. Un peu d’humilité à la Proust, qui a attendu la dernière portion de sa (brève) vie pour écrire, ne ferait peut-être pas de tort à ces gentils mondains. Tas de Guermantes!
Ainsi, on l’sait toute qu’il y a des gens tellement inquiets dans la vie, parce qu’il leur est tellement rien arrivé qui leur permettrait de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, qu'ils revomissent toute leur insécurité sous la forme d’une arrogance tout simplement désagréable. En gros, la fatuité est un phénomène réel. Il faut savoir la reconnaître!
Comment reconnaître la fatuité avec 5 trucs faciles :
1) L’auteur sait-il de quoi il parle?
Facile. Il suffit de remonter un peu aux sources. Rappelons-nous qu’une connaissance superficielle ou un exposé complaisant des faits trahit la malhonnêteté intellectuelle.
2) L’auteur prend-il position?
C’est ben beau chiâler, si tu ne prends pas le risque de revendiquer quoi que ce soit, c’est dur de le prendre au sérieux. Une critique qui ne sort de rien, que vaut-elle?
3) L’auteur ose-t-il exprimer des admirations à l’occasion?
Rien de plus compromettant que d’admettre qu’on aime quelque chose! On devient vulnérable. On peut être ridiculisé ensuite. Recherchez ces aveux chez votre auteur.
4) L’auteur exprime-t-il des vulnérabilités, des sentiments vrais, de l’auto-critique, un peu d’authenticité?
Si vous ne trouvez pas trace de ces « fragilités » dans les écrits d’un auteur, méfiez-vous. Rappellons-nous que même Hemingway, super macho-man s’il en fut, savait exprimer des sentiments vrais.
5) Lors de critique, l’auteur amène-t-il des faits, des analyses, ou s’en tient-il à la dérision?
Ça se passe d’explications….
Je reconnais qu’il est amusant de rire les uns des autres et que nous avons tous nos travers et nos ridicules. Moi la première… Après tout, combien de fois ne me suis-je pas adonné à de cruelles facéties sur le compte d’autres écrivains (voir les poèmes en monosons (catégorie œuvres de jeunesse….))! Combien de fois n’ai-je pas été moi-même tout bonnement risible?** Mais que peut-on dire de ces plaisants railleurs qui, lorsque c’est leur tour de passer au pilori, s’hérissent le jabot à la moindre once de critique? Personnellement, à ce moment, mon rire s’éteint et cède le pas au malaise et à l’agacement.
- Poulpe l’énergumène
* ostie que ce PP-là je le comprends jamais
** Je tiens à préciser que n'importe quelle expérience intérieure qui prend sa source dans une impression ou une pensée honnête compte là-dedans. Je reconnais lque l'argument est flou; il mériterait en particulier d'être approfondi.
*** countless times!
3 commentaires:
Dans le fond moi, tout ce que je veux, c'est un peu d'authenticité, dans la vie. C'est tout.
vraiment hot ton blog monoson AYYYYYY OU É IR forever!
Je te suis là-dessus, chère invertébrée. C'est très intéressant ces 5 critères. J'aime bien lire tes réflexions.
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