21.7.08

Ersatz de Cendrier

Mon cendrier est un étrange petit gobelet en étain, monté sur un pied plus long que son vase, l’ourlet du vase plus large que sa mi-section. Le métal a depuis longtemps perdu le peu d’éclat qu’il a pu avoir à l’origine, où il devait faire office de bibelot, avec une efficacité décorative plus que relative. Je le fait sans cesse basculer lorsque j’avance ma gourde main, à l’aveugle, il s’abat sur le bureau et son contenu poussiéreux à l’odeur vile s'y répand. Je renverse souvent mon cendrier, d’abord il n’est pas conçu pour cet usage, ensuite le long pied compromet sa stabilité. Il est en équilibre constant. Je romps constamment cet équilibre.

Il est indéniable que la lumière d’une lampe réduirait ces déversements de mégots. Cependant, je sais que l’accident occasionnel surviendrait tout de même.

Je persiste à ne pas me procurer un vrai cendrier.

Et à salir mon bureau.

Je ramasse les bouts de clopes, mais pas la cendre.

Je conserve aussi un tas de vétustes factures souillées, froissées, décolorées, toutes parfaitement inutiles, toutes attestant d’une transaction insignifiante, consommée de façon permanente et perd systématiquement toutes les preuves d’achats onéreux qui seraient indispensables à un remboursement ou une réparation.

Tout comme je garde une multitude de bricoles saugrenues. Des montures de lunettes sans branches, des macarons sans épinglettes, des écouteurs sans fiches, des plumes sans encre, des montres sans bracelets ou sans piles, des papiers sans conséquences, des textes sans suites, des dessins sans finition. « Ça peut servir », « C’est intéressant », « Je peux le réparer ». Est-ce mon sentiment de solidarité avec les estropiés qui s’exprimerait ainsi de manière symbolique, frisant la manie?

J’ai de la misère avec le définitif. Plutôt que de trouver le Verbe, je tripote des vétilles.

Lorsqu’il m’arrive de tomber sur une idée tangible lors de mes ergotages internes, toutes les réflexions que j’accumule dans ces longues et tâtonnantes rotations de la conscience me reviennent par à-coup et c’est avec stupeur que je constate que je n’en ai encore rien fait.

Comment change-t-on?

4 commentaires:

√їÐΘĈ a dit…

veulerie:

feuuuuuuuuw

√їÐΘĈ a dit…

MOI LÀ le mot ersatz ne collera jamais à moi pcq j,suis MOI donc la meilleure point.

Anonyme a dit…

asti ! t'eeeeeeeeeeeeessss plaaaaaaaaaattttttttte ! En tout cas, je te fais le commentaire mais je me le fais à moi aussi. Quand j'écris mon journal, ça ressemble à ça. Et je trouve ça sans intérêt ! Il faudrait qu'on se voit un m'ment d'nné quand j'aurai de l'argent et tout. On pourra largement discuter de ce qu'il faut faire et de nos visions sur la vie. Moi je dis qu'il faut discuter et s'améliorer, ce genre de choses. J'essaye de proposer quelque chose. Je suis encore jeune mais je n'y arrive pas. Toi, tu proposes quoi ? (Rien, probablement. À date je ne vois rien... prouve-moi le contraire !)

X X

Tu proposes une vision de la société plus juste et plus égalitaire, où les gens parlent convenablement mais...

X X

J'aimerais que tu l'exposes dans un grand roman ! avec de grandes théories, ce genre de choses. Que tu le proposes pour vrai ! que tu cesses de seulement critique (je te connais pas beaucoup) et que tu t'investisses pour proposer une vision nouvelle du monde (moi je me fais le commentaire très très souvent).

Tu comprends ?

+ +

J'ai pensé être so fucking sweet avec toi. Mais, en étant trash, je me suis dit qu'on se rejoignait peut-être. Tu penses que si je suis gentil à l'avenir ce sera mieux ? Qu'est-ce que t'en penses?

Madame Poulpe a dit…

Ah come on. C'est un blogue, je fais des expériences dedans. J'avais envie de faire une description statique d'un cendrier; c'est faite. Ça m'exerce. J'ai le Tendon de Duras agréablement ramolli maintenant.

Tsé si je m'empêche de faire des choses plates ou peu réussies, il ne me reste plus de courage pour écrire ensuite. J'écris déjà pas assez, je manque de métier c'est eff-ra-yant, si un cendrier peut me faire écrire, tant mieux pour lui, tant mieux pour moi, tant pis pour toi?

Je proposes plein de choses, mais je les rumine à fond, je les étire, je les brodes, je les dentelles, je les étoiles, je les étioles... Et pas sur mon blog. Fuck le blog! C'est comme mon salon pas rangé, mon blog. Pourquoi tu veux que je range mon salon?

Moi j'aime toujours mieux quand on est gentil, je me laisse facilement atteindre.

Mais je suis assez humble pour accepter que tu me trouves plate quand je parles de mon cendrier.

Je suis d'accord quand tu parles de l'engagement. Astie que jsuis tannée des gens qui s'engagent pas à cause de l'inéluctable et sentencieux "Moi j'aime / moi j'aime pas" québécois, qui fait office d'opinion et de raison éthique suprême.

Le croirais-tu, j'ai plein de polémiques qui traînent, à écrire. Je suis si lâche...