20.8.08

Stress et Anxiété, II

Journal du bord, thème; l’oisiveté.

En quatre mois de service, on ne m’avait encore connu aucune défection au poste. Mais j’ai, ce matin, succombé à l’attrait du lit et proféré un demi-mensonge à mes employeurs; mal au ventre, rentrerai pas.

Demi seulement, parce qu’effectivement, le stress est tel à l’emploi que je n’en chie plus de quelques jours.

Je me suis donc recouchée et ai roupillé bienheureusement, avec le piquant que rajoute à toute chose la violation d’une règle, jusqu’à 13h00.

J’ai passé le reste de la journée dans une oisiveté salutaire.

Grâce à cet état de calme et de contemplation, j’ai pu identifier quelques éléments problématiques quant à ma production. Et même si je sais que rien n’est plus barbant pour le lecteur que les lamentations de l’écrivain sur sa non-écriture *, je vous en livre quelques unes.

On se souviendra du temps jadis, vous, mes plus fidèles lecteurs, où je n’hésitais pas à épandre en une colorée marmelade de mots, les turpitudes les plus indécentes de ma vie, et mes entrailles les plus secrètes. Le procédé n’est pas sans torts, loin de là, mais on pouvait du moins affirmer, en ces temps-là, que mon écriture avait une poigne, une force, une vibration qu’elle n’a peut-être plus aujourd’hui.

C’est tout d’abord que j’ai conçu, au fil du temps, une certaine gêne à me dénuder ainsi. Ensuite, je me suis posée des questions sur la validité d’une telle littérature. Et enfin, (et surtout!) j’ai changé. Mon âme ne résonne plus aux mêmes émotions.

Quand j’étais adolescente, et antérieurement à l’avènement de tous les traitements psychotropes que l’on sait, je me souviens que j’étais chavirée constamment par de magnifiques furies, soit l’Indignation, la Haine, le Désespoir, la Rage. Mes questions étaient peut-être plus vastes; elles étaient, en tout cas, moins honnêtes dans leur ignorance. Elles n’admettaient pas intérieurement l’absence d’une réponse; ou du moins l’absence de cette réponse me soulevait d’une colère, d’une agitation terrible. J’étais bien convaincue de l’infamie et de l’injustice de ce qu’on me faisait dans ce temps là (que ça me concerne ou non).

Maintenant, je ne suis plus sûre de rien, et j’accepte davantage des comportements autres que le mien. Peut-être suis-je un peu découragée par mon ignorance, et me cantonnai-je à des terrains connus, loin des remous que provoquaient le choc de ma sensibilité et des actes d’autrui, ceux du Monde.

Je suis devenue blasée, ou mesquine. Ou peut-être que je prends une trêve de toute cette agitation, question de me fortifier.

L’émotion que je ressens le plus, maintenant, c’est la frustration. De multiples petites frustrations qui ne dépassent pas ma petite personne. Frustration au travail, frustration à la maison, frustration de ma propre veulerie. Et toutes ces choses sont si petites… J’hésite beaucoup à écrire là-dessus.

C’était facile, plus jeune, d’écrire, motivée par de telles Furies! J’étais plus brimée, aussi; cela excitait ma productivité.

Dans ce temps-là, j’écrivais constamment. C’était un exutoire toujours disponible, toujours possible. Cette discipline, comme le mouvement d’une pendule, m’entraînait à écrire, écrire encore. Ma discipline a perdu de son momentum.

Peut-être que, comme en art où on fait des séries d’études, où on répète inlassablement l’exécution d’un motif ou d’une forme jusqu’à l’atteinte de la perfection, devrais-je faire de la drill d’écriture? Des choses peut-être sans passion, mécaniques, mais salutaires pour ce momentum qui me manque?

Comme le canal auditif qui produit de plus en plus de cérumen lorsqu’on le bouchonne avec un cure-oreille, l’inspiration, les idées pourraient m’être plus faciles, moins volatiles surtout, si j’écrivais plus.

Faque genre, écrire des nouvelles?

(* Sauf Darnziak, parce que c’était tellement compliqué et trituré. On t’aime, Darnziak!)

10.8.08

Stress et Anxiété, I

Journal du bord.

Le bras droit m’élance comme si on tirait les muscles au-delà de la peau de l’extrémité des doigts érigés. Si ça serait le bras gauche, je pourrais me dire, au moins, crainte de Crise du Coeur, je pourrais appeler, au moins, dire, j’suis malade, hey, la shoppe à marde se passera de moi.

Le département doit être juché sur mon épaule droite. C’est ça qui pèse de même. 20 isolettes en plexiglas sur la clavicule.

J’ai des bouchons dans les oreilles, les sons m’agressent trop. Je perçois quelque chose, auditivement, un genre de trame de plusieurs notes, c’est beau, j’ai entendu ça au début d’une chanson des Black Angels je pense. Y’a quelque chose d’initiateur et d’apaisant dans cet accord que joue ma circulation.

Je me fléchis le membre, rien à faire, les signaux d’endolorissement persistent. Ah ben tsé. Y’a pire tsé.

C’est l’hébétement. Je ne suis plus la même personne. Quelques contacts sont débranchés, il y a des choses hors d’atteinte dans mon esprit, c’est étrange.

La bière goûte la pisse, le skunk, le pot résineux.

L’amour est élusif, il me laisse détremper ma culotte, littéralement, il atteint à peine le bord de ma fesse pour le faire.

Je m’étendrais, ça va mal pour boire.

Je fumerais mais je ne sais pas si j’en ai envie.

Faut réécrire.

Marde, marde, marde.

Il faut s’y faire.

Flaubert dit quelque part dans Madame Bovary, et je cite, imparfaitement et indirectement, que chaque fils de bourgeois s’est déjà cru un poète.

Riez et pleurons.

8.8.08

Le chîalage, retour sur la position initiale

« Pour une éthique du chiâlage. »

Bon j’ai réfléchi (ça m’arrive à l’occasion) et je me suis rendue* compte que ma première position manquait de nuances. Faut me pardonner; j’ai tendance à m’enflammer, à tout prendre au premier degré, à monter sur mes grands chevaux (ça frotte bien), j’ai tendance à être indignée, véhémente, tout le pataclan, j’ai tendance à penser que ce que je dis peut faire quelque chose à quelqu’un. Heureusement, quand je redescends de mes furies scandalisées, je réalise que mes colères ingénues chrissent rien à personne. Ça et, comme j’ai un peu d’autocritique, je prends conscience de mes erreurs de raisonnement.

Aussi le chiâlage; je ne le condamne plus d’emblée.

Cependant!

Il me semble que le chiâlage qui manque d’authenticité goûte un peu fade. Il me semble aussi que de chiâler pour un motif autre que celui revendiqué goûte encore plus le stale.

Dans le fond, ma position sur le bitchage est toute Célinienne (j’espère que je ne surprends personne.) Si ce qu’on écrit n’a pas été vécu d’une façon ou d’une autre**, ben, your art is dead and so are you. C’est plate à lire, c’est plate à écrire, c’est plate tout le temps. Un peu d’humilité à la Proust, qui a attendu la dernière portion de sa (brève) vie pour écrire, ne ferait peut-être pas de tort à ces gentils mondains. Tas de Guermantes!

Ainsi, on l’sait toute qu’il y a des gens tellement inquiets dans la vie, parce qu’il leur est tellement rien arrivé qui leur permettrait de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, qu'ils revomissent toute leur insécurité sous la forme d’une arrogance tout simplement désagréable. En gros, la fatuité est un phénomène réel. Il faut savoir la reconnaître!

Comment reconnaître la fatuité avec 5 trucs faciles :

1) L’auteur sait-il de quoi il parle?

Facile. Il suffit de remonter un peu aux sources. Rappelons-nous qu’une connaissance superficielle ou un exposé complaisant des faits trahit la malhonnêteté intellectuelle.

2) L’auteur prend-il position?

C’est ben beau chiâler, si tu ne prends pas le risque de revendiquer quoi que ce soit, c’est dur de le prendre au sérieux. Une critique qui ne sort de rien, que vaut-elle?

3) L’auteur ose-t-il exprimer des admirations à l’occasion?

Rien de plus compromettant que d’admettre qu’on aime quelque chose! On devient vulnérable. On peut être ridiculisé ensuite. Recherchez ces aveux chez votre auteur.

4) L’auteur exprime-t-il des vulnérabilités, des sentiments vrais, de l’auto-critique, un peu d’authenticité?

Si vous ne trouvez pas trace de ces « fragilités » dans les écrits d’un auteur, méfiez-vous. Rappellons-nous que même Hemingway, super macho-man s’il en fut, savait exprimer des sentiments vrais.

5) Lors de critique, l’auteur amène-t-il des faits, des analyses, ou s’en tient-il à la dérision?

Ça se passe d’explications….

Je reconnais qu’il est amusant de rire les uns des autres et que nous avons tous nos travers et nos ridicules. Moi la première… Après tout, combien de fois ne me suis-je pas adonné à de cruelles facéties sur le compte d’autres écrivains (voir les poèmes en monosons (catégorie œuvres de jeunesse….))! Combien de fois n’ai-je pas été moi-même tout bonnement risible?** Mais que peut-on dire de ces plaisants railleurs qui, lorsque c’est leur tour de passer au pilori, s’hérissent le jabot à la moindre once de critique? Personnellement, à ce moment, mon rire s’éteint et cède le pas au malaise et à l’agacement.

- Poulpe l’énergumène

* ostie que ce PP-là je le comprends jamais

** Je tiens à préciser que n'importe quelle expérience intérieure qui prend sa source dans une impression ou une pensée honnête compte là-dedans. Je reconnais lque l'argument est flou; il mériterait en particulier d'être approfondi.

*** countless times!

6.8.08

Se résumer

<<Issue d’une famille bourgeoise dont elle est la cadette, Madame Poulpe n’a rien su faire de remarquable à ce jour. Elle passe son temps à lire, à se saouler et à pester contre le milieu hospitalier, où elle œuvre à titre de laquais. Elle est bien connue pour son manque de convenances et une préciosité involontaire dont elle n’arrive pas à se défaire. Elle maintient des blogues à la popularité (très)* relative depuis 1998.>>

*Très!