11.2.09

Ubi sum, estie

- Cornebleu, tu mets jamais ton blog à jour!
- Je sais, je m’excuse. Laissez-moi vous expliquer.
- Bon, encore une entrée introspective plate à mort?
- Ben oui, qu’est-ce tu veux, je manque d’inspiration, de motivation… Je suis en plein désarroi…
- Ça promet!..

Je fais face à un problème de désagrégement de mon identité. Ce qui était un joli petit amas bien compact, souvent définis et souvent examiné, s’est fondu en une bouillasse brune et incertaine. On a beau dire, le froid Soleil Noir de la Mélancolie a des avantages, question cristallisation (des intentions de suicide ou de connaissance de soi.)
Maintenant que j’ai un sursis dans mon roman Kafkaïen, que je fais de gros-gros effort pour bien-bien écouter, être zentille, pratiquer l’empathie universelle et l’allongement considérable de tout mon vin interne, je ne suis plus sûre de rien. Je doute de tout et ma personne est, en retour, douteuse. Intéressant d’ailleurs, comme l’aspect d’identité dans la question de l’être brouille plus les cartes que son aspect d’indivision. À force de tant écouter les multiples témoignages concernant la personne poulpe, et d’y prêter une attention peut-être trop importante, je ne me retrouve plus comme nœud central.
J’aurais pourtant dû me douter que toutes ces personnes se désintéressent autant de mon mouah qu’ils sont intéressés par la leur.

Prenons ma mère : selon elle je suis une incorrigible et paranoïaque égoïste, qui devrait donc prendre le temps de s’informer de tous les menus désirs de l’Autrui. Elle attend l’avènement de Poulpe Jésus.
Mon copain, lui, au contraire, croit déjà au Messie : je suis donc gentille, j’ai donc l’don d’l’écoute.
Moi, dans tout ça, je suis confuse, mais je trouve un peu gros, quand même, qu’on s’arroge la définition de ma personne. Se doutent-ils à quel point j’en ressors perplexe?

Comment se fait-il que l’ouverture à l’Autre entraîne une si grande perte du Moi? Et comment se fait-il que les Moi fermés soient si attirants, reluisants? Pourquoi est-ce qu’il n’y pas d’état intermédiaire satisfaisant entre le Don complet de Soi à l’Autre, (donc un effacement de cet encombrant Moi), et le regroupement immuable d’un Moi en forteresse qui refuse sa reddition?

Ce que je désirerais c’est, peut-être puérilement, qu’on me considère dans ma potentialité plutôt que dans mes aspects finis en apparence : qu’on partage avec moi la croyance que je ne suis pas un être achevé, que je ne suis qu’un espèce de plasma informe qui tente tant bien que mal de se construire en quelque chose. Ça me blesse de me faire contraindre dans des moules.

Parce que c’est dur de croire en mon « travail », ma « création », mon « avenir » si j’admets toutes ces visions autres d’un moi terminé, bien médiocre, sans chance de rédemption. Même que je n’y arrive pas du tout, quand je confronte ce que je veux à ce qu’on me décrit être.

Peut-être, aussi, ne suis-je qu’une incorrigible paresseuse dénuée de volonté et que je me donne des excuses. Ou que je choisis mal les versions de moi qu’on me propose. Parce que tant qu’à vivre dans l’enfer de Ji-Pi, autant s’accommoder…

6 commentaires:

Madame Poulpe a dit…

Trouvez TOUS les intertextes et GAGNEZ mon estime éternelle et un GRILLED CHEESE!

ambidextre a dit…

On n'échappe jamais à nos défauts alors que jamais on ne doit cesser de travailler pour faire briller nos qualités.

Madame Poulpe a dit…

Des fois j'ai l'impression qu'il n'y a pas d'adéquation entre la perception qu'ont les autres de nous et notre mérite réel. C'est un drame qui me hante

ambidextre a dit…

Peut-être qu'une partie de l'explication de cet écart réside dans la difficile appréciation de ce qui est aisé pour nous à cause de notre talent/personnalité et ce sur quoi nous devons réellement faire des efforts.

Par exemple, il est pour moi beaucoup plus difficile de m'astreindre à récurer mon domicile qu'à pondre une hypothèse créative et valable dans mon domaine d'étude. Ceux pour qui c'est l'inverse auront peut-être tendance à avoir une perception de mes accomplissements bien différentes de la mienne.

Ou peut-être pas. Tomberais-je dans l'évidence encore une fois?

Anonyme a dit…

Humm... eheh. En tout cas. Moi, au moins, je te trouve drôle.

Bon, écoute, d'une part; tu peux pas t'attendre à ce que les autres devinent tes désirs ! Faut que tu leur dises ce que tu aimes (chez toi, chez d'autres ou dans d'autres choses) pour qu'ils t'en parlent; te félicitent, etc.

D'autre part, faut que tu penses à toi bordel de merde ! Et peut-être que tu t'affirmes plus. Que tu dises à ta mère : je suis altruiste ! je peux pas te deviner ! je comprends juste ce que tu me donnes ! etc. tu pourras atteindre le stade de Jésus une fois que tu lui auras fait passer ce stade.

Hein que j'ai appris des affaires en thérapie ! ;-)

Anonyme a dit…

de la même façon que je pense ne pas pouvoir deviner les intertextes.

Je veux quand même un grilled cheese.

+ +

Je mettais plein d'intertextes moi aussi. Je sais pas; me semble, je suis pas sûr que ce soit une force... Qu'est-ce t'en penses ?