30.10.08

De l'art de la conversation

Je consulte de temps en temps un webmazine qui se veut principalement dédié aux hommes, tout particulièrement les urbanites cossus d’âge moyen. En ce webmazine écrivent certaines chroniqueuses, dont la quête ultime est de révéler les mystères angoissants de la nature féminine à ces confus Sigisbées. En effet, la Femme, entité ubique subdivisée en de multiples sous-organismes, (qui auraient tort de se considérer comme des individus à part entière) pose cette énigme essentielle, ontologique même : Que veut-elle?

Je me ravise; peu nous importe ce que femme veut. La seule question admissible est la suivante : Que veulent les Femmes de la part des hommes?

Allons! Cette question suppose encore non seulement trop de spécificité selon chaque sous-organismes, mais encore l’idée, farfelue certes, de volontés immanentes qu’auraient les femmes. Voyons! Après le féminisme, fléau innommable dont les ravages le sont autant*, il ferait beau jeu de supposer pareilles sottises. Les femmes, et c’est connu, obéissent à ces mécanismes secrets que nos vaillantes chroniqueuses tentent d’exposer aux yeux ravis des galants malchanceux. Ces mécanismes sont dictés en toutes choses par les impératifs du Féminin, l’Éternel du nom.

Voici donc la vraie question : Comment obtenir les femmes en contentant l’Éternel Féminin?

C’est ce dont la plus brave de nos Écuyère, bravant les foudres divines en dérobant ce fruit de la connaissance gnostique, disserte en ces pages.

Moi, être dénaturé et indigne d’appartenir au Sexe, ne saurait vous dire si cette éminente Dispensatrice de Vérité est entrain d’atteindre à la Source du Féminin.

Mais justement, en tant qu’être dénaturé, je ne conçois pas que de pareilles stratégies puissent fonctionner.

En me départant quelque peu des humeurs fielleuses que me donnent les Divagations sur la Femme, j’ai réalisé qu’en fait, ce type de chronique est symptomatique d’une grande carence de la société moderne, quelque chose dont la perte est à déplorer et dont nous sommes en droit d’être nostalgique;

La Déchéance de l’Art de la Conversation.

(Terrible! C’est terrible.)**

Je paraphrase ici le webmazine susmentionné : « Votre entrée en matière devrait toujours, toujours être à propos d’elle parce que, convenons-en, les femmes aiment discourir à propos d’elles-même »

Clairement. L’Éternel Féminin exige des idolâtries; ne craignez rien, mes preux! Puisque toutes les femmes se font dicter leurs conversations par leur Surentité Supérieure, les réponses données seront toujours insensiblement les mêmes. Vous voyez! Tout simple. Quelques trucs passe-partout et hop! On est en affaire. Nul doute qu’ainsi vous trouverez cette compagne auprès de laquelle votre cœur soupire, cette intime confidente modelée comme pour vous convenir, cette âme vous épousant, vous complétant, vous transfigurant! Ah! Tout ça grâce à un coup d’œil savamment dosé et quelques sésames tout-aller! J’ai peine à y croire.

Ok, je pense que j’ai épuisé ma réserve de fiel.

Sérieusement, là.

Le jeu subtil et délectable de la séduction est, dans un climat social où il nous en coûte trop d'individualiser notre comportement, réduit à une série d’instructions comme pour une recette de dîner Kraft; c’est fade, c’est bête, c’est tout préparé d’avance et ça goûte les agents de conservations.

Je veux bien admettre qu’établir un premier contact soit difficile : mais un peu de naturel, d’originalité et d’habileté à cibler devrait faire le compte.

Anyway, ce genre de recherche du couple à tout prix, ce n’est que l'angoisse qui se met en scène. On conspue la solitude, qui seule permet de savoir qui est-on, ce que l'on veut, où va-t-on. Avec un calme répit sans socialisation, tous le bruit de l'Autre cesse, la bourbe redescend, les eaux redeviennent claires, et on peut lire en soi-même bien plus aisément. Cette sérénité est un véritable appât; les intentions sous-jacentes disparues, les gens seront bien plus enclins à engager une conversation signifiante avec vous. Et peut-être qu'un heureux dénouement en sera le salaire. ***

*Probablement parce que dans les faits, ces ravages sont aussi imaginaires que ce fameux Éternel Féminin.

** Vraiment terrible.

27.10.08

Code Secret

[…] Dans l’extrait étudié, nous sommes mis en face d’un moment particulièrement pénible pour le spectateur, à savoir l’auto-humiliation (pourtant involontaire) du principal protagoniste. En effet, celle-ci, confrontée à la perception peu flatteuse qu’a d’elle le maître, s’effondre en larmes, larmes suscitées par des remarques qui sont en elles-même plutôt anodines. Nous démontrerons que cette brutale chute de tension sociale dont l’héroïne subit le contrecoup est en plus grande partie la résultante de ce face-à-face avec son propre reflet.En effet, ce reflet est en si grande dichotomie avec ses intentions et l’essence de son être que l’héroïne, complètement déstabilisée, devient une enfant fragile, friable même, pour qui toute critique est une atteinte mortelle à l’âme. C'est que, comme nous l'apprendrons au chapitre suivant, l'écart entre le soit et l'autre, l'ego et l'image est irréconciliable et l'impuissance dans laquelle se sent l'héroïne d'offrir à l'Autre une image au moins adéquate lui donne l'impression de n'exister qu'incomplètement.
Dans l'extrait, l’auteur utilise une focalisation complètement interne, la vitesse du récit se ralentit à l’extrême sans toutefois devenir pause, et la panique du protagoniste nous englobe. Une succession de souvenirs à demi-étouffés point dans l’esprit de l’héroïne, souvenirs présentés non pas sous la forme d’une déchronologie typique, mais plutôt comme des sortes de cris sourds. Bien que faisant appel au passé, ces cris ne sont donc pas des analepses au sens propre du terme. Ils prennent forme de réminiscences vagues, presque informes (« elle y touche… je me brise… ils riaient de moi… Moi et les autres… Mes insuffisances », l.39 à 46) et l’héroïne, en proie à sa tristesse incontrôlable, ne sait pas elle-même en quoi consiste cette tristesse.

Nous pouvons séparer l’extrait en trois mouvements.
Dans le premier mouvement, une phrase que l’héroïne semble considérer comme banale (« qu’est-ce qu’il a, mon ton? » l.15) pique le professeur qui, se sentant interpellé, contrefait railleusement notre protagoniste. Ce malentendu bénin annonce un premier écart entre intention et réception.
Dans le deuxième mouvement, l’héroïne, (que nous avions connue fière au début du roman) s’aplatit littéralement devant le maître, avoue sa panique. La relation maître-disciple se change alors en relation juge-accusé, au moment où le maître dit cette phrase désarmante, mais lourde d'implication si l'on considère l'emploi des pronoms : « Je vous dit ceci entre vous et moi » (l. 29). Débute alors le sous-mouvement de la marée d’émotion qui finira par submerger l’héroïne au mouvement final. […]

15.10.08

Flotter dans le vide (pis en estie)

Pourquoi il ne faut pas parler de ce qu'on connaît imparfaitement:

Marc Garneau me suit. Ce qui est incroyable, c'est qu'il s'est jadis planté dans mon originel patelin de ploucs et qu'il soit ensuite élu avec un excellent pointage dans ma patrie d'exil.
L'ancien astronaute reconvertit en politicien a donc eu le mauvais goût supplémentaire de me faire subir sa personne par deux fois.
Qu'entends-je par subir?

Eh bien, premièrement, il est difficile de ne pas grincer de la molaire en lisant ce qui semble une dissert' en 3 arguments rédigée par un cancre de John Abott et constitue, en fait, la vision de mon Candidat Vedette. Pour en reprendre une des locutions aussi rafinées que pure dans son français, ça fait effectivement beaucoup de sens, (voyez comme la signification me transcende!) et il serait dur de débiter des généralités plus banales et moins développées.

Ensuite, je trouve fort indisposant d'entendre de quelqu'un qui a l'anglais plus volontier en bouche que sa langue natale (toutes allusions entendues) , et l'on sentira la profonde portée de ces paroles pleines de réflexions historiques longuement fouillées, que le Québec est quelque chose à chérir et à promouvoir. Fuck la nuit des longs couteaux, le rapport Durham, les standards d'immigration diahrréique de 96: Garneau nous aime, tsé!

Enfin, comme troisième point, et là vraiment cest le pied total, je m'en contorsionne en un petit amas, je m'en implose vers un autre univers, Garneau veut un Canada progressif et fiscalement responsable...
...
Se souvient-il qu'il est un libéral? Messemble qu'à sa place, j'aurais comme, essayé un peu de faire oublier ce petit détail cute-là.
Fiscalement responsable!
Elle est bonne!
C'est vrai que saigner les étudiants comme de duveteux poulets, enregistrer ses pavillons aux bucoliques îles mouk-mouk, surenchérir de mignonnes et dodues commandites, c'est fiscalement responsable en saint cantique! Progressiste, aussi, y'a pas à dire! Ah, et le désiquilibre fiscal c'est comme la fée des dents je suppose?
Le monde de Villeray pogné avec le fils de PET ont bien de quoi se plaindre, mais à libéraux égaux, c'est pas évident de clancher Garneau.

En conclusion, Je me rends compte de mon peu de connaissances politiques; cependant, à ce point-là d'absurditée, pas besoin d'être calée pour être découragée.
Tant qu'à être députisée par des clounes, je pourrais aussi bien m'exiler à Port-Neuf.

9.10.08

Mon bureau

Tel le tardigrade en stase sèche, des fois ça me prend du temps à réagir aux stimulis. J'ai eu la tag il y a une dizaine de jour. J'ai dû l'incuber tout ce temps, comme une grippe que l'on couve tendrement... Je me soumet à vos graves impératifs et vous livre des photos de mon bureau (dont j'ai depuis fait le ménage):

1. Livres.
1.1 Livre à l'étude.
2. Chat Brun. Essentiel à toute vie intellectuelle céans.
3. Snack.
3.1 Deuxième snack.. non nécessaire, mais qui peut résister à une crème caramel? Offerte?
4. Musique. Pour bloquer les coups que donnent au plafond les tonitruantes activités des nouveaux voisins. Subwoofer? Saut à la corde? Percussions amateur? Qui sait.
5. Sac de crabes.
6. Imprimante. Morte après trois impressions. Merci maman, merci papa...
7.
Compiouteur et mise en abîme de la deuxième section:


7.1 Bureau, continué.
7.1.1 Cartable de plans de cours.
7.1.1.1 Plan de cours
7.2 Tasse.
7.3.1 Pile de livres.
7.3.2 Deuxième pile de livres.
7.3.3 Troisième pile de livres.
7.4.1 Pile de papiers.
7.4.2 Deuxième pile de papiers.
8. Autodérision.

Je donne la tag à Elle, parce que c'est bien d'inclure des gens hors du régiment habituel pis à elle comme ça on va encore voir elle.