5.4.09

Clics V

Je l'avais dit, oh oui, que je prendrais un coup à la santé de Moebius, oh oui. J'ai traîné dans le remugle triste de mon inertie et de mon apostasie envers l'avenir tout le samedi.
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Mais dites, il y a une voix qui émerge ces temps-ci. Je la sens bien, cette voix. Petite chose grêle, bourgeon pas sûr... Ah mais je ne peux plus l'empêcher. Ah mais je ne suis plus seulement qu'une irréfléchie-émule. Je patauge dans la cacophonie comme si c'était bel et bon.
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Vous savez le professeur qui me trouve comique? Je lui ai écrit un sonnet, mais alors là si mauvais, que de frayeur, il a reporté la date d'échéance du travail final. Oui! Il a fait ça. Il a cependant fait suivre ladite mauvaise choses rimée à tous mes collègues de classe; je suppose que c'est le prix à payer. Presque pire que quelqu'un qui regarde vos plus laides culottes dans le panier de lavage, quand les calendes ont débordées...
Mais un gârçon m'a envoyé un Hymne* en remerciement, quelque chose de joli et ouvragé, une petite ciselure, Sakyâ-Mouni pour ceux qui savent de quoi je parle, j'ai rougi de confusion, de honte ou de plaisir ou tous mélangés, jusqu'à mes organes érectiles, aussi petits soient-ils, ils n'en bandent pas moins.
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À la bibliothèque de l'UdeM, Miron est d r e t t e ** à côté de Mistral. Il y avait, occurence moins fréquente qu'on ne le pense, un tabouret dans la rangée. Je me suis assis dessus et j'ai fixé la tablette, avec une totale absence d'intelligence qui me remplissait la boîte. (Je résiste à la citation... nnng et puis non, je ne résiste pas:
" moi je gis, muré dans la boîte crânienne

dépoétisé dans ma langue et mon appartenance

déphasé et décentré dans ma coïncidence"

Je n'arrivais pas à me formuler une pensée. J'étais toute contemplation.

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D'ailleurs, parlant de Miron, j'ai tellement une réplique complètement génialement de béton irréfutable pour la personne qui aime pas les Génitifs. Est-ce que la personne qui n'aime pas les génitifs se reconnaît? Si oui, elle est invitée à nous écrire, à l'adresse suivante; CASE POSTALE-- (mais non... par courriel) parce qu'on voudrait la citer dans notre travail. Si elle ne veut pas, on la paraphrasera, voilà tout.

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Il paraît que j'ai bu toute la semaine passée, et peut-être celle avant; on me l'a dit. Ce n'est malheureusement que trop vraisemblable. Je ne dis que vraisemblable, parce que la consommation d'alcool dérange mes facultés mémorielles, et que je ne peux donc pas l'attester de première main (ou voix. Ou vue. Je ne sais.) Évidemment, je pourrais prétendre que cette corrélation est en fait la mineure nécessaire d'un syllogisme; mais ça ne serait ni vrai***, ni honnête. Je me fie donc sur le témoignage d'un tiers, que je suppose sans intention ni motivation pour me tromper à cet effet. Donc, sans doute, bois-je quasi-quotidiennement depuis quinze jours. J'arrête, je vous le promet.

*(C'est là un mot épicène, ou hermaphrodite, ou plurisexuel si vous préférez, qui possède les trois genres, même celui qui n'existe plus en français, à savoir le neutre. Je l'ai mis au masculin pour faire coïncider avec le sens que Bob m'indique être le plus probant.)

** J'y pense encore. Il paraît qu'il n'existe même pas. Mais son identitée ne m'intéresse pas autant que sa réalité corporelle.

*** Baobabs, tours, épingles, piliers....

2.4.09

Clics IV

J'ai été payée; oh oui, oh oui! Moebius peut être sûr que je bois un coup à sa santé.
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L'idée fixe me hante. Heureusement pour moi, ma mémoire est une pierre ponce qui émousse sans précipitation les saillies acérées de ce souvenir.
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Je lui jette en pâture mes ventricules, présentées sur une tablette ligneuse, découpées en tendre morceaux de sashimis. Il les dévore. Qu'il ne se plaigne pas si je le traite impitoyablement ensuite. Toute ma pitié s'est faite piler par un petit organe doux, agile et bardé de fer.
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Combler les trous, c'est faire un choix. Les laisser vides et obscurs aussi. L'indécision n'est que l'état infiniment inconfortable entre le doute et la profession de foi. À moins qu'on fasse du doute son point de vue. C'était à la mode il y a un demi-siècle et comme on le sait, je suis toujours en retard.
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Il y a quelque chose de touchant dans la laideur, peut-être plus que dans la beauté. La beauté est une construction, un assemblage de critères, cochez-s'il-y-a-lieu. La laideur, c'est cet échec émouvant à plaire initialement.
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Une opinion, ce n'est peut-être que le vêtement que se choisit une identité, pour le moment.
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L'aphorisme ne me sied guère.
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La préciosité n'a peut-être été si malmenée que parce que c'était le constat lucide de femmes dans un siècle ou elles étaient placées dans le conflit entre leur détermination et leur être. Le compromis résultant a été conspué peut-être non pas pour sa réelle valeur esthétique mais simplement pour son honnêteté malaisée.
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Son iris était si bleu qu'il m'a donné une hypothermie.
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Un signe est-il immuable? Moi je pense que non, mais ce n'est peut-être que l'effet de la mode.
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La soif, après le boire, est inextinguible.