27.2.08

Ellipses.

Wow. Il était temps que j'allume.
***
"Est-ce que vous avez de la vitamine E sous forme de crème?"
- Euh, pour appliquer où, madame?
- Sur des lésions cutanées.
- Oui mais exactement, madame?
- ....Ça championne, tu tiens peut-être pas à le savoir.
***
"HEIN, mais c'est aussi gros qu'une règle de trente centimètres, ça!"
-Aux trois quarts, oui.
***
"T'as l'air de le regarder comme un boxeur en regarde un autre avant un match!"
- Y'a un peu de ça.
***
Des questions?

20.2.08

Parler comme un gagnant (I)

Dans la vie, il faut mettre la terminologie de son bord.

Ainsi,

1. on ne dit pas : « J’écrivais dans un blog trash avec 8 ou 9 autres Femmes à Couilles demie-névrosées jackées sur l’œstrogène. », on dit : « J’ai effectivement collaboré au proto-magazine littéraire les Muses Post-Traumatiques qui, pour un projet pilote (merci Meth!), générait un impressionnant lectorat. »

2. On ne dit pas : « J’pas capable de toffer le monde plus que 2 mois dans une relation et inversement… » on dit : « J’aime la variété! »;

3. On ne dit pas : « J’fous vraiment jamais rien de mon temps libre sauf niaiser sur le net » on dit : « J’accorde une très grande part de mon temps à la réflexion, la méditation et l’enrichissement de ma culture personnelle.»;

4. On ne dit pas : « Tout le monde me prend pour une christ de freak. », on dit : « Les gens apprécient ma personnalité vivace et originale.»;

5. On ne dit pas : « J’bois comme un ostie d’trou jusqu’à faire une folle de moi. » on dit : « J’ai beaucoup de plaisir à être en société.»;

6. On ne dit pas : « J’ai une grand’yeule » on dit : « Je suis reconnue comme étant une bonne communicatrice »;

7. On ne dit pas : « Chu raciste » on dit : « Je me pose des questions sur l’intégration de différentes ethnies au sein de la communauté québécoise.»

8. On ne dit pas : « L’ostie de système hiérarchique de cul dans les bureaux, JPAS CAPAAAAAB’! », on dit : « Je travaille très bien de façon autonome.»

17.2.08

Censurée

Parce que c'est dangereux pour votre confort; parce que sont Tétrarques la Complaisance, la Suffisance, la Condescendance et les Convenances;
Trois stances comme un amas d'asticots grouillants;
L'onctuosité mielleuse de la flatterie intéressée;

Pour vous, voici un Haïku, forme la plus virulente et redoutable qu'atteigne la Littérature, qui fut banni, réprouvé, supprimé, et cachez ce sein que je ne saurais voir!

"Boue dessous la neige

Entre la fange et la poudre

La duplicité "

Des iambes avec des dents:


11.2.08

Le Courage

Petit essai se voulant sans prétention. Version avec les fautes.

Parmi toutes les paraboles magnifiques que contient un de mes livres fétiches (vous l’aurez deviné, Voyage au Bout de la Nuit de Monsieur Céline) il en est une qui me semble particulièrement juste et appropriée à l’entretien d’aujourd’hui.

C’est celle de L’Amiral-Bragueton, où Bardamu harangue le capitaine Frémizon afin d’échapper à un imminent lynchage. Rappelons que nos protagonistes sont en route vers l’Afrique coloniale et que la fureur collective que suscite le héro est à son comble. Cette haine généralisée semble n’être excitée que par l’écart grandissant présent entre lui et le reste des passagers, écart difficilement explicable sauf par la nature particulière de Bardamu.

Pour vous mettre en train, je vous cite deux petits aphorismes du narrateur:

« Toute possibilité de lâcheté devient une magnifique espérance à qui s’y connaît. C’est mon avis. Il ne faut jamais se montrer difficile sur le moyen de se sauver de l’étripade, ni perdre son temps non plus à rechercher les raisons d’une persécution dont on est l’objet. Y échapper suffit au sage. »[1]

« Graduellement, pendant que durait cette épreuve d’humiliation, je sentais mon amour-propre déjà prêt de me quitter, s’estomper encore davantage et puis me lâcher, m’abandonner tout à fait, pour ainsi dire officiellement. On a beau dire, c’est un moment bien agréable. Depuis cet incident, je suis devenu pour toujours infiniment libre et léger, moralement s’entend. C’est peut-être de la peur qu’on a le plus souvent besoin pour se tirer d’affaire dans la vie. Je n’ai jamais voulu quant à moi d’autres armes depuis ce jour, ou d’autres vertus. »[2]

Amis-lecteurs, je crois peu au courage. Du moins, je crois médiocrement à la vertu de ce à quoi on fait usuellement référence en parlant de courage.

Le mot courage a comme racine cœur, siège de la noblesse et de la force morale (vx) [3]; cette ardeur dans une entreprise [4] et cette fermeté devant le danger [5] seraient inextricablement liées avec la morale.

C’est avec un certain dépit que nous voyons étiquetés de « courageux » des agissements iniques et dépourvus de mérite, comme nous le démontrerons plus bas.

La parabole célinienne illustre fort bien à quel point les dynamiques sociales déterminent ces concepts.

L’humain a tendance à agir en groupe. Il glorifie tout ce qui a trait à cette grégarité et, inversement, flétrit tout ce qui contrevient à ladite grégarité.

Seul l’intérêt du groupe compte. Ainsi, un acte qui supprime un désagrément subit par le groupe est considéré comme bénéfique.

Ces mécaniques ne sont jamais agies de façon consciente; on invoque toujours un prétexte faisant référence à la Morale Supérieure, car il faut supprimer le Doute quant au bien-fondé de l’action. Cette morale n’est cependant pas ce qui les guide en ce cas.

C’est ainsi que l’on en vient à qualifier des actes barbares de courageux ainsi que des actes justes de lâches. Ici, Frémizon était Courageux alors qu’il n’y avait pas de danger pour lui et que son ardeur dans l’entreprise était pratiquement inexistante. Bardamu était Lâche, malgré cette même ardeur dans l’entreprise et sa fermeté devant le danger.

Vous me suivez? Peu importe que vous vous conduisiez dignement/noblement/courageusement ou à l’inverse ignoblement/bassement/lâchement. Si vous allez à l’encontre du groupe vous serez un lâche.

Si je vous expose si longuement mon point, c’est pour vous parler de l’histoire de N. S. ainsi que du traitement qui lui fut réservé sur ce forum . Pour avoir contrevenu aux règles du groupe (spam d’amplitude moyenne et vantardise mal placée) on l’a tout bonnement traîné dans la boue, en révélant son nom, son adresse et ses antécédents judiciaires, dans un carnage de haine allant toujours grandissant (47pages et plus. J’en ai lu 20). Cette histoire a généré un trafic monstre sur le site alors qu’elle se répandait sur l’internet, et il y a même des utilisateurs qui se sont enregistrés pour participer à la mise à mort. Tout le monde s’instiguait son tribunal de conscience. Tous y sont allés de leur petit mot d’esprit assassin, même si certaines remarques trahissaient un manque d’intelligence sans doute supérieur à celui que l’on reprochait au supplicié.

Ce qui m’a frappée, c’est non seulement le degré d’indécence jusqu’auquel est allé le groupe ainsi que son acharnement à pourfendre N.S., mais aussi l’encensement que récolta le premier jeteur de pierre.

Courrait-il un danger? Aucun, il avait toute la communauté derrière lui. A-t-il eu à user de beaucoup d’ardeur dans son entreprise? Non plus.

Pourtant, on le traite comme s’il avait démontré du courage.

Et N.S.?C’est le pire des lâches. Bien entendu.

***



[1] (VabdlN, p. 120)

[2] (VabdlN, p. 121)

[3] Le Petit Robert, version électronique

[4] Idem

[5] Ibidem!

10.2.08

Glaciation (parabole III)

Extrait d'une lettre que je n'enverrai pas:

"...Le jour de Noël dernier, en proie à un certain sentiment de solitude, et je ne peux m’empêcher de penser maintenant que c’était prémonitoire, ou annonciateur, le lien est grossier, mais il est dur d’y résister, je m’étais accroupie au bord du lac Memphrey-Magog et je regardais la glace. Il faisait soleil, la lumière excédentaire rejaillissait dans le ciel, ça faisait un deuxième rebond vers la terre enneigée, ça ressautait encore dans toutes les directions. Il y avait du vent au sol qui soulevait des nuées de flocons follets et scintillants. Une belle journée.

Je regardais la glace, donc, avec une certaine fascination. Sous celle-ci, en effet, le ressac persistait, malgré l’hiver, et léchait le sable à intervalles réguliers. L’eau se retirait, puis revenait. Un mouvement qu’on connait tous.

Le lac, sous sa coque gelée, ne s’interrompait pas dans sa continuité. Les courants persistaient, échanges d’eaux froides et d’eaux chaudes, remous et autres phénomènes propre à icelui.

[Ainsi], sous la surface gelée, existent des volumes d’eaux mouvantes, presque terribles. Pourtant, il reste très facile de marcher dessus... Sans même avoir le soupçon de ces abîmes remuants..."

7.2.08

Pavé dans la Marre

Un caillou est lancé dans un petit étang. Il brise la surface des eaux, et s’enfonce en oscillant de-ci de-là, car il n’est pas bien gros, et il y a peut-être un peu de courant. Il a, je crois, emporté quelques bulles d’air avec lui. Elles remontent, mais il n’y a pas de presse.

Pourtant, contrairement à ce que veulent les lois de la physique et (plus fort encore) celles de la convention, il ne produit pas d’ondes concentriques; elles ne prennent pas d’expansion puisqu’il n’y en a pas. Galet intangible. Assez pour couler, mais pas assez pour communiquer son choc. Pourtant, hein! Quelle collision! Plouc!

Juste le temps d’une interjection sans résonnance. « Ah! », un peu trop strident et sec. Pas le bon ton. Pas gracieux. Pas avec les inflexions pour toujours caressantes de la coquette coqueluche. Cavatine coquine en soumission mineure.

Les regards ondulent, quelque chose de vague en l’air, ça se consulte dans l’inconscient, on en prend compte, ou pas?

Ah, mais, je sais. C’était un étang d’huile. Le caillou était truqué! C’était vraiment une petite fusée de plâtre, avec des petites hélices, déguisée en caillou, qui a produit par ventilation un creux à la surface du liquide, dont les parois étaient retenues par des chaînes de molécules stabilisées dans un vide temporel résultant de singularités quantiques et- - i l n’y a pas eu d’ondes.

Allons… Ça va trop loin. C’est par trop étrange.