31.1.08

Polystyrène

Il y a des gens qui ne communiquent que par bulles molles.

Rassemblées toutes ensembles, ces bulles permettent la formation d’un composé parfaitement adaptable à toutes les situations.

C’est un écrin parfait pour protéger de tout heurts ce joyau éphémère, mais ô combien correspondant.

La correspondance! De prime importance! Polystyrène Expansé! Donc, aucun danger de choc. Le polystyrène est imperméable.

Ainsi, ce qui devrait être contenu devient contenant, mettant en valeur l’adorable esthétique de cet expectorateur de lymphe gazeuse.

En cette ère d’indifférenciation, ces imposteurs ont beau jeu; Ils déblatèrent coquettement, au petit bonheur des jeux de miroir. Ils se déploient; ils sont si légers, si mignons! Une sornette n’attend pas l’autre; comme un léger carillon qui les pare d’autant plus.

Jeunes femmes, voyez le modèle qui s’offre à vous. Enfant muni de l’âge légal pour se faire embrocher, elle bat des cils et le monde se met à ses pieds. Être polymère, profondément incapable et comblée.

29.1.08

La castration ne tue pas (toujours).

Cher docteur;

Je suis toujours amusée de constater à quel point mes schémas cognitifs mésadaptés rejoignent la réalité. Ce genre de choses n'est pas sans contribuer à faire de moi la névrosée qu’on connaît.

Avec le sacrifice des FAC, effectué en partie afin de ménager un individu qui se souciait fort peu de ménager les autres, un des seuls projets dans lequel j’étais impliquée avec un certain succès disparaît aussi. Je pourrais vous faire une longue liste de toutes les occurrences semblables dans mon histoire, de mes retraits forcés d’équipes qui allaient aboutir, ou bien de l’extinction desdits débouchés. Pour moi, ces avortements avant terme font partie du cours naturel des choses. Ça en vient à ne plus m’affecter du tout. Je m’attends à l’échec. C’est presque rendu un mode de vie .

Ils renforcent également la défaillance de mon sentiment de contrôle. Mes décisions ou mes volontés ne sont d’aucun poids en ce monde.

Fort bien, fort bien, tout est normal finalement, je m’y attendais en digne pessimiste que je suis, y’a rien de grave, tout va aussi mal qu’avant et on reste pas trop ébranlé.

Cependant, à mon grand étonnement, quelque chose de ténu, certes, mais de tenace aussi (oh lala, rime interne) proteste avec véhémence en mon sein.

Que se passe-t-il?

Eh bien, le sentiment de réussite semble entraîner une certaine dépendance; on y prend goût. Il a été tellement inusité pour moi d’obtenir des réactions intéressantes à mon travail que ça a ébranlé mes schémas dépréciateurs habituels.

Au point ou je fomente moi aussi la formation d’un nouveau groupe, avec des collaborateurs aussi sensationnels qu’inouïs.

Stupeur! Surprise! Ébaudissement!

Zallezvoir sque zallez voir…

À la prochaine, docteur.

12.1.08

Inertie

Il faudrait être plus ordonnée, moins éléate. Philosophie de l’action. Le rêveur qui court. Plutôt que de mariner dans cette vaste soupe. Idées mijotantes. Vouloirs infiniment cuits, jusqu’ à tendreté. Futilités s’entre-réduisant jusqu’au néant. De l’huile sur les membres à vif.

***

Je chiale sur les littératures de l’attente et je suis moi-même toute attente. J’attends que les employeurs me rappellent (ils ne m’ont jamais aimée); j’attends d’être moins fatiguée; j’attends avant d’entreprendre quelque chose d’important.

J’attends, donc je suis inactive, donc je ne provoque pas les événements, donc rien ne se passe, donc j’attends encore plus.

L’absence de nécessité (notes calamiteusement hautes, survie assurée) me dégoûte du travail, je paye le fort prix. La végétation entraîne la stagnation, l’inertie ralentit mon mouvement centrifuge, jusqu’à l’immobilité presque complète.

***

Oui mais je me fais mettre;

***

C’est vrai.

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Et puis?

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Ça fait un bien indéniable. J’te jure. Ma tuyauterie se modifie.

***

Y’a bien toujours ça.

3.1.08

Têtes Parlantes

Don’t you worry bout me, mais ils ont augmenté le facteur G dans mon scaphandre, je dois être dans le 1.2 … L’alcool tape plus fort qu’usuellement. Mon foie élimine mal. Mon rapport à l’alcool s’est modifié. On dirait que les conséquences des excès se font enfin traitées cognitivement.

Mon rapport aux gens se modifie aussi.

C’est peut-être à force de ruminer le Voyage, d’avoir enfin assimilé la grande puérilité des paroles… D’avoir fait passer cette idée du stade des manipulations conceptuelles à celui de comportement appliqué…

Dans certaines situations, je sais que toute conversation sera un échec. La communication est trop empêtrée de biais préalables pour s’effectuer. Je n’essaie plus de dire. Je me tais. Il se fait une petite épaisseur d’un silence relatif autour de moi. Leurs mots y rebondissent, font quelques ricochets, finissent par s’y enfoncer, en faisant des bulles molles… Des réponses ténues, minimales se fraient un chemin à travers mon mutisme vers eux.

Ça te tue une conversation…

Le dépouillement de mes répliques pourrait sembler être de la coquetterie intrigante ou du snobisme hautain.

Mon laconisme ne provient en fait que d’un certain désenchantement triste.

Ma voix s’étouffe sous l’empilement des menus impairs verbaux de jadis.

Je réserve mes mots, sans doute. Comme s’ils avaient acquis de la valeur malgré l’abus que j’en ai fait.

Enfin, ça a donné des résultats intéressants au réveillon de cette année.

J’ai eu le loisir d’observer les gens et, tout particulièrement, de vérifier quelques aphorismes :

- Pour un spectacle il faut des spectateurs;

- Vieillesse n’est pas sagesse;

- Les madriers dans nos yeux ne nous empêchent pas de voir la paille dans ceux des autres;

- Il est possible d’atteindre une masse critique de cris si l’on réunit suffisamment de parenté et d’alcool;

- Les voies de l’agoraphobie sont impénétrables.